2e Journée de la Création de L’ARP

Entretien avec Mathieu Debusschère

Mardi 18 juin 2019, l’ARP (société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs) organise sa seconde Journée de la Création, faite de tables rondes autour, notamment, du cinéma de genre et de l’adaptation de bandes dessinées au cinéma. Rencontre avec Mathieu Debusschère, délégué général de l’ARP, qui revient sur les temps forts de la manifestation.

 
Quels sont vos objectifs pour cette seconde journée de la création ?

Offrir aux créateurs et aux participants, qui sont notamment de jeunes et futurs professionnels, un espace d’échanges autour de la création cinématographique, et plus largement la création audiovisuelle. Et mettre en lumière ce que les publics oublient parfois devant un film, et ce qui fait pourtant la magie et la singularité du cinéma parmi les autres formes de création : la multiplicité des talents réunis autour d’une œuvre, la succession d’étapes, chacune essentielle et précise, le travail collectif, et pourtant parfois très solitaire, autour d’un projet commun… bref, il s’agit de montrer la diversité et la richesse de la création cinématographique.

L’idée de cette journée, c’est donc de consacrer plusieurs temps à ceux qui composent la création cinématographique : l’image, la direction d’acteur, l’écriture avec l’adaptation BD… et des formes renouvelées d’expression avec le cinéma de genre.

L’enjeu est aussi de s’interroger sur les effets sur la création du numérique, qui a bouleversé profondément les usages, les modèles économiques et la régulation – ce qui nous occupe beaucoup à L’ARP par ailleurs. Au-delà d’un côté technique, voire technologique, qui touche la fabrication et la diffusion, le numérique transforme-t-il aussi la création elle-même, la façon de montrer le monde ?

Les intitulés des tables rondes de l'année dernière semblaient plus techniques, quand ceux de cette année semblent plus ouverts : y a-t-il une volonté de les rendre plus "grand public" ?

Nous avons envie lors de cette journée de ne cloisonner ni les thèmes, ni les publics, ni les intervenants, et donc de proposer des sujets autour desquels chacun peut se retrouver, et/ou picorer. C’est cette même envie qui nous guide dans le choix des intervenants : nous proposons à des talents venus d’univers très différents de venir parler de leur expérience, de leurs interrogations, de leurs doutes, de leurs découvertes, etc. Nous voulons que cette journée reste dédiée aux échanges, qu’ils soient les plus libres possible, ce qui n’empêche pas les intervenants d’aborder des questions très précises et techniques. Donner un cadre trop précis transformerait ces journées en un exercice avec figures imposées. L’année dernière, nous avions en effet choisi d’aborder la réalité virtuelle, et d’autres formats de création audiovisuelle (autour, par exemple, de webséries ou de projets tels que CALLS de Timothée Hochet), via des ateliers dédiés. Il nous paraissait plus cohérent et adapté de proposer ces thématiques avec ce format plus interactif. L’occasion ne s’est pas présentée cette année, mais rien ne nous l’interdit pour une prochaine édition.

Cette journée de rencontres est destinée à échanger sur les enjeux artistiques, mais peut-on vraiment faire abstraction des enjeux économiques ?

Absolument pas. Comme nous ne pouvons pas faire abstraction des enjeux artistiques quand nous parlons des enjeux économiques. Nous parlons toujours de ce qui nous mobilise : le cinéma. Les angles sont juste différents et les points de vue complémentaires. C’est d’ailleurs cette belle complémentarité qui existe entre cette journée de la création et les Rencontres Cinématographiques organisées chaque année par L’ARP en novembre, et où nous parlons avant tout de politique culturelle et de régulation.

Après l'appel à projets de films de genre du CNC, l'ARP propose une table ronde sur le sujet cette année. D'où vient à votre avis le succès du cinéma de genre auprès des institutions ?

Vu le nombre de films de genre présentés à Cannes, le cinéma de genre ne connaît pas seulement un succès auprès des institutions. L’objet justement de cette table ronde est de comprendre les raisons de ce nouvel engouement, qui n’a d’ailleurs jamais cessé dans d’autres cinématographies nationales. Est-ce un effet de mode ? Un moyen pour de jeunes auteurs de s’exprimer, de réaliser leur premier long ? Est-ce lié à notre époque ? Le cinéma de genre ne permet-il pas, en effet, de faire état de notre monde ?   

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les courts-métrages présentés tout au long de la journée ?

Encore une fois, c’est l’envie de favoriser les échanges qui nous a donné l’idée de proposer à la Maison du Film, l’EICAR et au Très Court Film Festival de présenter aux talents plus confirmés une sélection d’œuvres réalisées par de jeunes et futurs professionnels. Ces projections permettent de mélanger les expériences, les générations et de tenter d’offrir un éclairage particulier aux jeunes créateurs. C’est très important pour L’ARP.   

Quatre débats avec près de quarante intervenants, projection de courts-métrages : le programme très riche de cette journée ne vous donne-t-il pas envie d'étendre la manifestation sur plusieurs jours ?

C’est vrai, c’est un beau programme ! Et c’est seulement la deuxième édition… ce qui nous laisse présager un bel avenir ! Le désir de cinéma reste entier, pour les spectateurs comme pour les créateurs : il faut continuer à le crier haut et fort !