L'interview minutée de Teddy Lussi-Modeste

Pas de vagues

Julien (François Civil), jeune professeur de collège plein d’ambition pour ses élèves, n’hésite pas à récompenser les plus méritants en les invitant au kebab du coin. Dans ses cours, l’émulation se met au service du savoir, les exemples sont vivants. Mais un jour, la situation lui échappe, et la timide Leslie (Mallory Wanecque) l’accuse de harcèlement.

Dès lors, Julien et Leslie se trouvent tous deux pris dans un engrenage inextricable, puisque interdits l’un et l’autre de s’exprimer sur l’affaire. Leslie, muselée par un grand frère menaçant ; Julien, personnage central du récit, face à une hiérarchie qui l’exhorte à faire profil bas (« Pas de vagues »), tandis que ses collègues peinent à se positionner.

Au micro de l’interview minutée, Teddy Lussi-Modeste, réalisateur de Pas de vagues, dit l’importance de ce double silence imposé. Il revient sur l’expression qui donne son titre au film et le contexte problématique dans lequel elle est apparue, soulignant le malaise grandissant des enseignants. Le réalisateur, qui revendique un film à la croisée de la tragédie et du thriller, fait le vœu d’une école « resanctuarisée ».  

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.