Winter Break d’Alexander Payne

Consignés pour Noël

Trois solitudes cloîtrées dans un pensionnat pour les vacances de Noël 1970. D’un scénario classique, Alexandre Payne tire un film vachard et chaleureux, aussi drôle qu’émouvant. 

1970, dans un lycée de la Nouvelle Angleterre. Paul, un prof d’histoire ancienne sévère et détesté de tous ; Mary, une cuisinière endeuillée par la mort de son fils au Vietnam ; et Angus, un jeune garçon dont la mère et le beau-père ont choisi de passer les fêtes sans lui, se retrouvent cloîtrés dans ce lieu déserté pour cause de vacances de Noël. Trois laissés-pour-compte, que rien n’aurait dû rassembler…

Sur un schéma classique, le scénariste David Hemingson (auteur et créateur de séries) déroule un récit moins programmatique qu’attendu. Joliment écrit, avec des personnages bien campés et des dialogues souvent très drôles, Winter Break devient, sous la caméra de Alexander Payne (The Descendants, Nebraska, Downsizing) un joyeux règlement de comptes entre trois êtres au caractère bien trempé, aboutissant sur l’émouvante réunion de trois solitudes, qui ont plus de points communs que ce qu’ils croyaient. Il faut dire que l’improbable trio est campé par de formidables acteurs. Paul Giamatti, second rôle chez Woody Allen depuis les années 1990 et au premier plan dans  Sideways d’Alexander Payne et les sept saisons de la série Billions, incarne ici un prof vachard, blessé par la vie et complexé par son physique ingrat tout à fait saisissant. Da’vine Joy Randolph, comédienne vue fugitivement dans de nombreuses séries, dont l’excellente Only Murders in the Building, est ici extraordinaire en maman endeuillée qui comprend tout en un clin d’œil. Quant au jeune Dominique Sessa, il fait ici des débuts remarquables en garnement frondeur abandonné par sa famille.

Même si on peut reprocher quelques longueurs et passages obligés sur les deux heures et treize minutes que dure le film, Winter Break est une jolie surprise. Le mélange des tons entre comédie de lycée et ode aux différences est ce qui, finalement, rend l’ensemble plus qu’attachant. Et sa fin est formidable. Intelligent, vachard, il fait chaud au cœur. Par les temps qui courent, ce sont d’énormes qualités.