Festival de Cannes 2023 #J4 - Vendredi 19 mai

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Des salles combles, des spectateurs comblés. Serait-ce le meilleur des mondes ? Au sens d’Orwell, peut-être…

Le meilleur des mondes ? Voyons voir… S’il n’y a pas de censure de l’art et si le 7e est ici montré dans sa diversité la plus folle, nous avons peut-être perdu notre faculté d’indignation. Mais notre seul problème, il est vrai, c’est d’arriver à tenir un planning avec des films qui commencent (presque) tous très en retard. La drogue euphorisante, ce serait, à coup sûr, le cinéma.  Liesse hier soir sur les marches du Palais. Pensez-donc, Tantantan Tan Tantantan, l’équipe d’Indiana Jones et le cadran de la destinée au complet et en grande pompe sur le tapis rouge ! Et par ailleurs, le couple formé par Indiana Jones et Ally McBeal, qui posa en duo pour les photographes : l’aventurier le plus célèbre du cinéma américain et l’avocate la plus aimée de la télévision, en couple à la ville, puisqu’il s’agit de Harrison Ford et Calista Flockhart… Tout ça vous fait un petite mélange de réalité et de fiction surprenant. Et quand le film démarre, la machine à remonter le temps nous montre un Indy rajeuni (grâce à la technique très au point du DeAging déjà utilisée par Scorsese sur De Niro dans The Irishman ou par Ang Lee sur Will Smith dans Gemini Man) et là, effet  »waouh » garanti ! Le reste du film signé James Mangold rentre dans le cahier des charges – commun aux franchises de James Bond à Mission Impossible – avec une course poursuite démente en ouverture et un flot de cascades et de rodéos sur véhicules divers (train, side car, avion, Tuk Tuk, hélicoptère). On souhaiterait que son effet  »waouh » ne s’émousse pas au bout d’une heure (même si la fin est belle, mais chut !). Et que Phoebe Waller Bridge, actrice et créatrice de la vénérée série Fleabag, soit un peu plus elle-même, un peu moins formatée. Reste un plaisir à retrouver ce bon vieux Indy, son chapeau et son fouet, et quelques échos des précédents opus qui font sourire les fans.

Harrison Ford et Calista Flockhart. Copyright Laurent Koffel.

Quel est le lien entre Jeunesse, documentaire chinois de trois heures trente-deux minutes sur l’exploitation de très jeunes gens dans des ateliers de confection de fringues cheap pour enfants et Indiana Jones ? À part le fait qu’ils sont tous deux présentés, le premier en compétition et le second hors compétition au Festival de Cannes, rien. L’Art dans toute sa diversité, on vous dit. Jeunesse de Wang Bing n’a pas autant attiré les foules en délire que le cinquième volet de la franchise lancée par Steven Spielberg et George Lucas, et on peut dire qu’il se mérite. Mais cette frontale radiographie d’un monde où les négociations salariales se comptent en augmentation de 0,15 yens par pièce (0,0010 euro) est une plongée saisissante et nécessaire dans le monde du travail. Certaines images d’ouvriers et d’ouvrières en train de passer à toute vitesse une pièce de tissu semblent exagérément accélérées… et elles ne le sont pas ! Gloups, retrouvons notre faculté d’indignation à bon escient, par exemple devant ce film.