Quelques jours pas plus de Julie Navarro

De bonnes choses pour de mauvaises raisons

Film social, comédie romantique, parcours initiatique, ce premier film parle de la réalité des migrants aujourd’hui en faisant rire et pleurer. Bien vu !

Tout sonne juste. Il y a le rédac chef du quotidien L’Époque (qui ressemble fort à Libération) interprété par Hippolyte Girardot, qui, ayant viré dix personnes récemment, n’a plus l’intention de payer pour les frasques de son critique rock sous acide. Ledit critique, Arthur (Benjamin Biolay, nonchalance plus que parfaite), rétrogradé au service actualités, se retrouve en reportage dans un camp de migrants et joue les gros bras devant la police pour les beaux yeux d’une bénévole, Mathilde (Camille Cottin, formidable). Un coup sur la tête plus tard, et les ventes du journal en hausse suite à la une fracassante et au reportage ad hoc, Arthur retourne à l’asso pour « feuilletonner » et revoir Mathilde. Il accepte (à son corps défendant) d’accueillir provisoirement chez lui un réfugié afghan, Daoud (Amrullah Safi, acteur non professionnel à la présence naturelle).

Quelques jours pas plus, le bien nommé, raconte donc ce pacte qui fait qu’Arthur le désinvolte va héberger ce jeune Afghan et approcher de plus en plus la réalité de la vie des migrants et des associations qui tentent de les aider. La caméra de Julie Navarro est quasi documentaire. Ainsi, à la suite d’Arthur, qui cherche Mathilde et est renvoyé de pièce en pièce, on découvre l’endroit où sont distribués les produits d’hygiène, puis celui où sont stockés les vêtements, en passant par la cuisine. Des phrases saisies au vol parachèvent le contexte de cette ruche emplie d’humains concernés. Aucun volontarisme didactique dans cette mise en scène. De l’immersion, du vrai, qui nous touche.

Ancienne directrice de casting, Julie Navarro adapte, en le transformant, le roman de Marc Salbert, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire, et livre un premier long-métrage bien écrit et plein comme un œuf. Elle mélange les genres avec délectation et pour notre plus grand plaisir, passe du film social à la comédie romantique et au parcours initiatique (Arthur, roublard égoïste, apprend l’altruisme et, au passage, se rapproche de sa fille adolescente, qui vit chez son ex). Le soin apporté à tous les rôles secondaires incarnés par de formidables acteurs (Olivier Charasson, Saadia Bentaïeb, Andranic Manet…) complète joliment ce feel good movie intelligent, émouvant et drôle.