L'interview minutée de Jeanne Aslan

Fifi

Sophie, dite Fifi (Céleste Brunnquell), 15 ans, vit avec sa grande famille recomposée dans un petit appartement HLM de la banlieue nancéienne. Son été s’annonce morne, jusqu’à ce qu’elle retrouve une amie d’enfance, sur le point de partir en vacances : la belle maison de celle-ci sera vide durant plusieurs semaines, Fifi subtilise un jeu de clés et s’empare des lieux. Mais c’était compter sans l’irruption du grand frère de son amie, Stéphane (Quentin Dolmaire), venu réviser et gagner quelques sous. Ces deux-là décident finalement de partager.

Fifi est ancré à l’Est et c’est important. Car, comme le dit la coréalisatrice Jeanne Aslan au micro de l’interview minutée, on ne parle bien que de ce qu’on connaît. Cette recherche du vrai se garde ici de l’ostentatoire, passant par l’infime : des détails ; un entourage esquissé, mais existant ; ce que l’on peut lire entre les lignes. Jeanne Aslan évoque aussi le cœur du récit, à savoir ces rencontres, pas forcément spectaculaires, mais qui marquent une vie.

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.