Simon et Théodore

L’art de l’enfance

Un futur père cyclothimique croise un jeune garçon en colère, ensemble ils errent dans Paris…  Entre fable et réalisme ce deuxième long métrage hors des sentiers battus émeut et surprend.

Simon sort de l’hôpital psychiatrique et rejoint à la synagogue Rivka, son épouse enceinte, par ailleurs Rabbin. Celle-ci est aux prises avec Théodore, adolescent irascible, qui s’enfuit alors qu’il doit faire sa Bar Mitzvah. Simon se lance à sa poursuite, autant pour montrer à Rivka qu’il peut se comporter en adulte, que pour fuir une réalité qui l’angoisse. Mais Simon se tape la tête contre les murs, au sens propre. Et Théodore se cogne à l’absence de son père… Ils errent dans Paris, tandis que Rivka et la mère du gamin, Edith, se rejoignent pour retrouver les deux fuyards.

Ce deuxième long métrage du réalisateur d’un OVNI sympathique et déjanté, Let my people go (2011) est une sorte de «buddy movie» à la française, entre L’Epouvantail de Schatzberg et Macadam Cowboy de Schlesinger, références assumées mais transformées et digérées. Ce qui est beau, ici, c’est l’écriture des personnages, leur complexité, leurs travers, leurs qualités, leurs blessures. Les deux femmes, interprétées avec génie par Mélanie Bernier et Audrey Lamy sont fortes malgré leurs douleurs enfuies ; les deux hommes, l’adulte enfantin délicieusement incarné par Félix Moati et l’enfant trop grand campé avec un naturel confondant par Nils Othenin-Girard sont fragiles malgré leurs forces profondes. Tous sont à une croisée des chemins, et ensemble ils vont avancer (un peu), changer, comprendre… Grandir sans doute. L’amour que Mikael Buch leur porte est visible dans chaque plan, chaque réplique. Le film avance au gré de lignes brisées, d’accidents constants. Inattendu et surprenant, mélancolique et drôle.