En équilibre

Florence, blondeur hitchcockienne, chignon haut, dos droit, a abandonné ses rêves de pianiste professionnelle et œuvre pour une compagnie d’assurances. Marc, homme de poigne, est cavalier-cascadeur. Lorsqu’un grave accident de cheval le rend paraplégique, il fait la connaissance de Florence, en charge de son dossier. Denis Dercourt, cinéaste et professeur de musique de chambre au Conservatoire de Strasbourg (La Tourneuse de pages, Demain dès l’aube, Pour ton anniversaire…), filme la rencontre de ces deux personnages au destin brisé qui, au contact l’un de l’autre, s’ouvrent à eux-mêmes. Sa mise en scène très maîtrisée, tout en lignes et angles droits, encercle ses protagonistes, dont les gestes et mouvements s’assouplissent de séquence en séquence. Il y a dans chacun de ces plans un plaisir évident à filmer ces trajectoires convergentes, à susciter du suspense émotionnel dans un cadre très dessiné.

Quelque chose, cependant, résiste au film : un refus de la part des comédiens, Albert Dupontel et Cécile de France, de s’abandonner complètement à ces personnages d’êtres bridés par l’orgueil ou la crainte ? Albert Dupontel est épatant de technicité dans les scènes de cascades équestres, mais semble contenir son énergie dans ses séquences en fauteuil ; Cécile de France peine à se laisser aller à la caméra, pourtant soucieuse de la beauté des visages et des corps. Davantage de sensualité n’aurait pas nui à ce film dominé par la retenue et la pudeur.