L'interview azimutée

Rencontre avec Grégory Gadebois, comédien

Cet ancien pensionnaire de la Comédie-Française sillonne actuellement les routes de France à moto : en tournée au théâtre avec Des fleurs pour Algernon, mis en scène par Anne Kessler, et en tournage de la saison 2 de la série Les Revenants à Annecy. Grégory Gadebois est aussi à l’affiche, depuis le 11 mars, du Dernier Coup de marteau d’Alix Delaporte, la  réalisatrice d’Angèle et Tony, pour lequel il obtint le César du Meilleur espoir masculin en 2012. Rencontre en zigzag avec ce comédien au sourire enfantin et aux yeux rieurs.

Les toux des spectateurs vous dérangent-elles lorsque vous êtes sur scène ?

Ça change forcément des choses, comme les vibreurs des téléphones. Il faut faire avec. Je sais ce que c’est que d’avoir envie de tousser au théâtre. Mais ça me dérange un peu, parce que ce que j’aime, moi, ce sont les silences. J’aime jouer avec. Le jeu, ce n’est que la gestion du silence.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : rhume, maladie © Annick Holtz

À quoi pensez-vous juste avant d’entrer en scène ?

J’essaie de ne pas penser et j’entre. Je n’aime pas ce moment. C’est horrible, j’adore mon métier, c’est une chance de pouvoir en vivre, mais on me dirait à huit heures moins cinq, c’est annulé, je me dirais toujours « Youhou, y’a pas école ! ».

Que faites-vous deux heures avant le spectacle ?

Je regarde des séries sur mon iPad ! Des trucs légers, je ne regarderais pas Boardwalk Empire avant d’aller jouer, par exemple ! Et puis, je n’aime pas savoir qui est dans la salle. Ça agite la partie du cerveau qu’on ne maîtrise pas, celle qui est un peu chiante, qui fait que quand on joue, on pense à un truc.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : boradwalk empire © Annick Holtz

Aimez-vous les saluts ?

Non. Je me sens gêné de venir devant les gens. En même temps, je suis content, car s’ils applaudissent, c’est qu’ils ont aimé.

Vous avez une façon très particulière de saluer, en inclinant juste la tête…

Ah bon ? On me dit surtout que je ne souris pas quand je salue.

Aviez-vous peur du noir, enfant ?

Non, j’adore le noir. J’ai toujours bien aimé être dans le noir. Et parfois, quand je roule à moto et que c’est la pleine lune sur les routes de campagne, je coupe mes phares pour rouler au clair de lune.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : paysage © Annick Holtz

Quel est votre rapport au temps ?

J’aime prendre le temps qui est le mien. Ça ne veut pas dire que c’est forcément long, mais je n’aime pas qu’on m’impose un rythme.

Êtes-vous ponctuel ?

Je crois, regardez, j’étais à l’heure avec vous ! Pour le travail, toujours, avec mes amis, j’ai, paraît-il, toujours mon petit quart d’heure vénitien.

Aimez-vous les montres ?

Oui, j’aime beaucoup les montres. Mais je regarde la mienne parce que je la trouve jolie et non pour regarder l’heure.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : montre © Annick Holtz

Et les boussoles ?

Non. Pas spécialement.

Plutôt pipe que cigarette, manifestement ?

Oui.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : pipe © Anne-Claire Cieutat

Depuis toujours ?

Ça va faire longtemps, oui. Quinze ans. J’ai commencé au Conservatoire.

Savez-vous pourquoi ?

C’est mon grand-père ! Il fumait la pipe. C’était quelqu’un de très important pour moi. Quand il est parti, j’en ai récupéré une pour le souvenir. Puis, à un moment, je me suis dit « voyons voir… ». Ça m’a plu. Ça calme. C’est un objet qui a son temps à lui. Ça ne se fume pas comme une clope qu’on allume et, sept minutes après, c’est fini. On peut se poser, ça force à se calmer un peu. Et puis ce sont de beaux objets. J’aime bien les beaux objets.

Quel genre d’objets ?

J’aime bien les jolies montres, les motos, j’aime bien les mécaniques.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : mécanique © Annick Holtz

Et les sacoches, comme celle qui vous accompagne aujourd’hui ?

Oui, ce sont les Rouennais qui font ça. Parce que je suis normand, attention ! J’aime bien les sacs en cuir, oui.

Aimez-vous la promenade ?

À pied, moyen. À moto, oui, je pourrais même partir trois semaines avec un balluchon.

Voyagez-vous à moto pour cette tournée ?

Oui, le plus possible. J’ai fait Paris-Strasbourg à moto, par exemple. Ce que j’adore faire, c’est entrer une destination sur mon GPS et choisir l’option « routes sinueuses ». Parfois, pour faire Paris-Toulon, je passe par la Bretagne ! J’aime bien l’errance, le vagabondage. Et j’aime le mot « vagabonder ».

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : voyage © Annick Holtz

Auriez-vous aimé être explorateur ?

Ça n’existe plus, mais oui ! J’ai voulu partir à l’armée, moi. Je voulais m’engager dans la Légion étrangère. C’était l’aventure, pour moi. Mais j’étais trop jeune, j’avais 16 ans et demi. Ils m’ont dit de revenir plus tard ! J’avais été au bureau de recrutement, à la Croix de Pierre à Rouen, sur un coup de tête, car j’étais très en colère.

Aimez-vous Tintin ?

Oui, c’est super, Tintin. J’ai grandi en lisant Tintin.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : tintin © Annick Holtz

Êtes-vous sensible au bruit de la machine à café ?

Oh oui ! C’est un bruit que j’adore, tout comme l’odeur du café. Je bois d’ailleurs plus de café que d’eau. C’est une pause, le café. C’est un moment où l’on ne travaille pas.

Interview azimutée avec Grégory Gadebois : café © Annick Holtz

Votre juron préféré ?

J’en ai plusieurs. J’aime bien « Sacré bordel de nom de Dieu de merde ! ». Il est un peu long, je ne le dis jamais ! Je jure assez peu, quelquefois « merde » tout de même !

Êtes-vous sensible aux langues étrangères ?

J’aime bien l’anglais. Pour le jeu, je trouve que c’est une langue parfaite, il y a quelque chose de direct dans le rapport pensée-mots. J’adore écouter l’espagnol, c’est une langue que je ne comprends pas, mais que je trouve belle. Et j’adore les accents, notamment l’accent québécois. Mais je n’ai pas de talent pour les langues.

Êtes-vous mélomane ?

Je suis nul en musique, mais j’aime ça. Je viens de découvrir Django Reinhardt et j’adore !