La Loi de la jungle

Au coeur d'une image

C’est une comédie burlesque qui réunit deux comédiens français au jeu très physique, Vimala Pons et Vincent Macaigne. Le réalisateur Antonin Peretjatko (qui les avait déjà dirigés dans son premier long-métrage La Fille du 14 juillet) les envisage en stagiaires expédiés en Guyane pour une mission qui les embarque de péripéties en aventures loufoques (votre notre critique). Plongée au coeur d’une image de La Loi de la jungle, commentée par Antonin Peretjatko.


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LES COSTUMES

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« Ce qui est intéressant avec cette photo, c’est le côté bande dessinée des personnages qui sont habillés toujours pareil, comme dans Tintin. Il fallait donc trouver le bon costume. J’ai toujours du mal avec ça et généralement, je le trouve au dernier moment. Pour Vimala Pons, on n’arrivait pas à trouver quelque chose de bien, dans lequel elle soit à l’aise et qui soit en même temps un peu sexy, mais pas trop non plus… On commençait le tournage un lundi, et elle a trouvé le short le samedi, à Cayenne. On a essayé les costumes, puis je ne sais plus si c’est Vincent Macaigne ou moi qui a eu l’idée, mais on a décidé d’inverser les costumes à un moment. Ce qui a donné une scène où, en se rhabillant un peu vite, les personnages enfilent le costume de l’autre. »


 

L’IMAGE D’ÉPINAL

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« Dans cette image de jungle, il y a un côté image d’Epinal qui peut faire penser au vieux Tarzan en noir et blanc avec ses scènes non réalistes. Là, par exemple, on voit qu’elle a un bras qui n’est pas ligoté et un couteau, elle pourrait donc couper le cordage. Ce qui me plaisait, c’était de faire un film de jungle – qui est un genre en soi – et de jouer avec les figures attendues, récurrentes. Par exemple, j’avais envie qu’il y ait des cannibales, ce qui n’existe pas en Amazonie et encore moins en Guyane ! Ça a été difficile à faire passer au niveau du financement du film ! Pour moi, la scène où ils ouvrent le crâne et où les personnages mangent le cerveau était une scène importante et je ne voyais pas dans quel film je pourrais le faire si ce n’est un film de jungle ! En outre, attacher les personnages au poteau donne plein d’idées de gags. »


 

L’ÉCLAIRAGE

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« Les torches, derrière les personnages, rajoutent énormément au plan. Cette scène-là est éclairée exclusivement par les torches, plus un feu au centre. Ces torches avaient une durée de vie de 10 minutes. Au bout de 5 minutes, la lumière commençait à décroître, sans qu’on s’en aperçoive, mais quand on a regardé les plans au montage, on a constaté qu’il y en avait de plus lumineux que d’autres. Comme on tournait dans la jungle, on ne pouvait pas amener d’électricité et si on apportait un groupe électrogène, ça faisait du bruit. Il aurait fallu reconstruire tout le son après et je ne le voulais pas. D’où les torches ici ou les bougies dans la scène de l’aphrodisiaque. Le chef-opérateur avait inventé des projecteurs à bougies, c’est-à-dire des boîtes en carton recouvertes d’aluminium à l’intérieur, avec une trentaine de bougies et des miroirs qui reflètent la lumière. C’est aussi grâce aux caméras numériques qu’on a pu faire ça. Parce qu’une caméra en argentine est moins sensible. »


 

LES REGARDS

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« Le regard des acteurs est intéressant dans ce plan : il donne une vie au hors-champ. On se demande ce qu’ils peuvent bien voir. J’ai choisi Vimala Pons et Vincent Macaigne, car ils jouent tous les deux avec leur corps, ce qui était précieux dans un film où le burlesque est central. C’est rare aujourd’hui de trouver des comédiens de leur âge aussi physiques. Ayant tourné La Fille du 14 juillet avec eux, je savais qu’il ne fallait pas que je me prive des expressions corporelles et faciales qu’ils pouvaient avoir. »