L'interview minutée de Dominique Rocher

La nuit a dévoré le monde

“ Oui, un des parti-pris de mise en scène, très tôt, ça a été de se dire qu’on n’aurait pas de point de vue omniscient -il y a deux plans dans le film qui dérogent à cette règle, mais sinon on est constamment du point de vue du personnage principal. Par conséquence le hors-champ est extrêmement important vu qu’on le suit lui et on suit ses doutes. On ne sait pas ce qu’on entend : est-ce qu’on entend de la vie, est-ce qu’on entend des monstres, est-ce qu’on entend juste l’immeuble qui grince ? Cette interrogation, cette ambiance m’intéressaient beaucoup. “


Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.