Depuis sa Palme d’or à Cannes en 2019 jusqu’aux quatre Oscar décernés hier soir, Parasite a poursuivi sa trajectoire historique, tandis que les récompenses décernées aux acteurs n’ont guère surpris.
Annoncée déjà un peu hâtivement l’année dernière lors de l’intense campagne de promotion de Roma, la révolution Netflix n’aura également pas lieu en 2020. Malgré un travail de lobbying qui rappelle celui des frères Weinstein lors des grandes heures de la société de distribution Miramax, la plate-forme de streaming, forte de nombreuses nominations, est repartie avec un maigre butin : un Oscar du meilleur documentaire pour American Factory : un milliardaire chinois en Ohio et un du meilleur second rôle pour Laura Dern dans Marriage Story. C’est peu en regard des vingt-trois nominations pour Netflix : dix pour The Irishman de Martin Scorsese, reparti totalement bredouille, trois pour Les Deux Papes de Fernando Meirelles, également reparti les mains vides, six pour Marriage Story de Noah Baumbach, celle de American Factory et du court-métrage documentaire Life Overtakes Me, ainsi que deux dans le domaine de l’animation, dont J’ai perdu mon corps de Jérémy Caplain.
Mais la véritable révolution n’était pas là. C’est évidemment le triomphal succès de Parasite qui a bluffé tous les observateurs. En partie annoncé par les moissons de prix récoltés par le film depuis sa présentation à Cannes en 2019, ce sacre a dépassé les attentes à plusieurs titres. Premier film sud-coréen récompensé d’une Palme d’or, Parasite était également le premier représentant de son pays aux Oscar. Il est désormais le premier film non parlé en anglais (on exclura The Artist, qui, bien que français, était muet et présenté avec des cartons rédigés en anglais) à remporter l’Oscar du meilleur film. Au total, Bong-joon Ho, grand gagnant de la soirée, sera reparti avec trois statuettes majeures (Meilleur film, partagé avec sa productrice Kwak Sin-ae, meilleur réalisateur, meilleur scénariste) ainsi que celle du meilleur film étranger, coiffant au poteau Les Misérables de Ladj Ly.
Ce coup de tonnerre, et le camouflet subi par le grand favori, 1917 (trois Oscar techniques pour 10 nominations), ont légèrement épicé une moisson de récompenses un peu attendues. Comme l’Oscar décerné à Laura Dern, ceux venus récompenser Joaquin Phoenix (Joker), Renée Zellwegger (Judy) et Brad Pitt (Once Upon a Time… in Hollywood) ne sont pas une surprise, même pour ceux qui auront suivi de loin les nombreuses cérémonies de récompenses précédant les Oscar.
Un autre événement notable, enfin, la récompense décernée à Hildur Guthnardottir, compositrice de la musique de Joker, qui devient la première femme récompensée pour la bande originale d’un film. Un des nombreux corps de métier du cinéma encore très largement dominé par les hommes.
Le palmarès complet (retrouvez nos critiques) :
• Meilleur film : Parasite
• Meilleur réalisateur : Bong Joon-ho pour Parasite
• Meilleure actrice dans un rôle principal : Renée Zellweger dans Judy
• Meilleur acteur dans un rôle principal : Joaquin Phoenix dans Joker
• Meilleure actrice dans un second rôle : Laura Dern dans Marriage Story
• Meilleur acteur dans un second rôle : Brad Pitt dans Once Upon a Time… in Hollywood
• Meilleur film international : Parasite
• Meilleur film d’animation : Toy Story 4
• Meilleur court-métrage d’animation : Hair Love
• Meilleur scénario original : Parasite de Bong Joon-ho
• Meilleur scénario adapté : Jojo Rabbit de Taika Waititi
• Meilleure musique originale : Hildur Guðnadóttir pour Joker
• Meilleure chanson originale : (I’m Gonna) Love Me Again d’Elton John et Bernie Taupin dans Rocketman
• Meilleurs décors : Once Upon a Time… in Hollywood
• Meilleurs costumes : Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig
• Meilleure photographie : Roger Deakins pour 1917 de Sam Mendes
• Meilleur montage son : Le Mans 66
• Meilleur mixage son : 1917
• Meilleur montage : Le Mans 66
• Meilleurs effets spéciaux : 1917 de Sam Mendes