Cannes 2024 : Sélection de la Semaine de la Critique

Réjouissances cannoises

Au menu des réjouissances cannoises, la Semaine de la Critique annonce de la tension, du soleil, des cris, des silences, des regards intenses, des corps qui exultent et des cœurs qui battent fort. Et aussi Anna Mouglalis, Bilal Hassani, Asia Argento, du raï, de la pop, un sauna et des taureaux camarguais.

La section parallèle cannoise la Semaine de la Critique fête cette année ses soixante-deux ans, avec sa 63e édition. Mais elle reste toujours aussi jeune et tournée vers l’avenir, grâce à sa mission de présenter uniquement des premiers et seconds longs-métrages, et des courts-métrages. Vingt-quatre films au total renouvellent le cheptel des cinéastes. Des révélations, des confirmations et des retrouvailles, avec des réalisatrices et réalisateurs des quatre coins du globe.

Les dix-sept œuvres en compétition (dix courts et sept longs) seront soumises au regard du jury présidé cette année par la productrice française Sylvie Pialat, venue à la Semaine de la Critique défendre Une mère incroyable de Franco LolliLes héros ne meurent jamais d’Aude-Léa Rapin et Tout le monde aime Jeanne de Céline Devaux. Précédemment annoncé, le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen est empêché pour circonstances personnelles.  Elle sera entourée par sa compatriote réalisatrice Iris Kaltenbäck, en compétition l’an dernier à la Semaine avec son premier long Le Ravissement (le photogramme avec Hafsia Herzi et Nina Meurisse en amorce, qui illustre l’affiche de cette 63e édition, en est tiré), par l’actrice rwandaise Eliane Umuhire, révélée à Cannes dans Neptune Frost de Saul Williams & Anisia Uzeyman et Augure de Baloji, par la directrice de la photographie belge Virginie Surdej, fidèle de Nabil Ayouch et Maryam Touzani, et notamment à l’objectif de la Caméra d’or passée par la Semaine Nuestras madres de César Diaz, et par le critique canadien de cinéma Ben Croll. Les sept premiers longs-métrages de la section concourent également à la Caméra d’or, prix cannois transversal coprésidé cette année par le réalisateur Baloji et la comédienne Emmanuelle Béart.

Après les précédents Makala d’Emmanuel Gras (2017) et Chris the Swiss d’Anja Kofmel (2018), le documentaire fait son grand retour. Il met en avant des groupes de femmes, avec le long-métrage portrait d’un groupe de jeunes Égyptiennes, engagées dans leur art comme dans la rue dans Les Filles du Nil de Nada Riyadh & Ayman El Amir, et avec les témoignages plus mûrs du court Las novias del sur d’Elena Lopez Riera (El agua). L’animation, quant à elle, brille avec les courts brésiliens A menina e o pote de Valentina Homem et français Supersilly de Veronica Martiradonna. Des récits venus d’ailleurs dépayseront par les sujets et les décors, grâce à l’Éthiopie et aux Philippines des courts Alazar de Beza Hailu Lemma et Radikals d’Arvin Belarmino, à Taïwan pour le long Locust de Keff, ou aux vapeurs estoniennes du court Sauna Day d’Anna Hints & Tushar Prakash.

Deux réalisatrices françaises font leur retour attendu, Lucie Borleteau dans le format court, après ses trois longs, pour la fiction autour du premier baiser 1996 ou les malheurs de Solveig, et Emma Benestan, avec son second opus long Animale, portrait tel un cri d’une jeune femme, seule dans l’univers machiste de la tauromachie camarguaise, avec Oulaya Amamra. De l’espionnage attendu en ouverture pour Les Fantômes de Jonathan Millet, du pop rock lesbien amoureux version 2000 pour Les Reines du drame d’Alexis Langlois, avec un casting détonant (Bilal Hassani, Alma Jodorowsky, Asia Argento, Raya Martigny, Dustin Muchuvitz), de l’épopée juvénile en plein handicap, où tout est question de point de vue, pour Simon de la montaña de Federico Luis, et l’amour au masculin qui défie le déterminisme social, dans les arcanes de São Paulo du Baby de Marcelo Caetano.

Une figure du petit écran fait ses débuts dans la mise en scène de long-métrage pour le cinéma. C’est Antoine Chevrollier, remarqué à la réalisation pour les poids lourds Le Bureau des légendes et Baron noir, et à la création totale de la mini-série Oussekine. Son film de désir et d’amitié La Pampa emprunte au lyrisme romanesque adolescent et à ses paysages autobiographiques. Lee Khang-sheng, visage fétiche du cinéma d’auteur taïwanais signé Tsai Ming-liang (Vive l’amour, La Rivière, La Saveur de la pastèque, etc.) investit, non pas le premier long national précité Locust, mais celui de Constance Tsang, filmé à New York, Blue Sun Palace, entre amours, souvenir et mélancolie. Avec aussi Wu Ke-xi, actrice clé et coscénariste de Midi Z (Nina Wu, Un certain regard 2019), et vue récemment dans Black Tea d’Abderrahmane Sissako.

La question de l’emprise, de la parole et de l’écoute porte le premier long Julie Keeps Quiet du Flamand Leonardo Van Rijl, autour d’une joueuse de tennis et de son coach. La mélancolie sur fond de musique raï à Marseille est annoncée au cœur de la fresque La Mer au loin, second opus long du producteur et réalisateur Saïd Hamich après Retour à Bollène, avec Anna Mouglalis et Grégoire Colin, et on attend le court-métrage en plein parc parisien Montsouris de Guil Sela. Côté révélation (voire confirmation) d’interprètes, possiblement en lice pour le Prix Louis-Rœderer, la section s’annonce prometteuse, avec aussi Adam Bessa (Les Fantômes), Tessa Van den Broeck (Julie Keeps Quiet), Sayyid El Alami (La Pampa), Wilson Liu (Locust), Lorenzo Ferro (Simon de la montaña), Haipeng Xu (Blue Sun Palace), João Pedro Mariano (Baby), Ayoub Gretaa (La Mer au loin), et Louiza Aura & Gio Ventura (Les Reines du drame).

Olivier Pélisson

 

Sélection de la 63e Semaine de la Critique

Compétition :

Longs-métrages
Baby de Marcelo Caetano
Blue Sun Palace de Constance Tsang
Les Filles du Nil de Nada Riyadh et Ayman El Amir
Julie Keeps Quiet de Leonardo Van Dijl
Locust de Keff
La Pampa d’Antoine Chevrollier
Simon de la montaña de Federico Luis

Courts-métrages
Alazar de Beza Hailu Lemma
A menina e o pote de Valentina Homem
As minhas sensaçoes sao tudo o que tenho para oferecer d’Isadora Neves Marques
Ce qu’on demande à une statue c’est qu’elle ne bouge pas de Daphné Hérétakis
Ella se queda de Marinthia Gutiérrez Velazco
Montsouris de Guil Sela
Noksan de Cem Demirer
Radikals d’Arvin Belarmino
Supersilly de Veronica Martiradonna
Dancing in the Corner de Jan Bujnowski

Séances spéciales :

Longs-métrages
Les Fantômes de Jonathan Millet
La Mer à boire de Saïd Hamich Benlarbi
Les Reines du drame d’Alexis Langlois
Animale d’Emma Benestan

Courts-métrages
Les Fiancées du sud d’Elena Lopez Riera
1996 ou les malheurs de Solveig de Lucie Borleteau
Sauna Day d’Anna Hints & Tushar Prakash