Rocketman

Biopic sur Elton John, ses frusques et ses frasques. Sans surprise mais sympathique, pop, et emmené par un acteur gonflé, Taron Edgerton.

Il en va des biopics comme des tartes à la crème, on sait à peu près ce qu’on va gober, mais parfois la garniture est plus légère, moins sucrée. Ici, hélas, ce n’est pas le cas, renforts de lipides et glucides à foison… Présenté au Festival de Cannes en séance spéciale et en présence de toute l’équipe et d’Elton John soi-même, le film a bénéficié d’un enthousiasme impressionnant.

Sans être fan du chanteur britannique, il est difficile d’avoir échappé aux grandes lignes de sa carrière : elles y sont. Construit en flash-back, le film démarre par l’arrivée tonitruante de la star en costume de scène orange et rouge parsemé de paillettes, avec ailes afférentes et cagoule à cornes de diablotin, dans un centre de désintoxication. Il y rejoint un cercle de parole et se présente comme alcoolique, drogué, accro au sexe, au boulot et au shopping … Taron Edgerton, qui l’interprète (et chante lui-même les chansons), ose tout ; et sa personnification du ludion survolté est plus que convaincante.

Évidemment, le néophyte puisera dans Rocketman quelques détails mal connus, notamment sur son enfance entre sa grand-mère et sa mère (l’excellente Gemma Jones et Bryce Dallas Howard, quelque peu caricaturale). En l’absence cuisante du père, même quand il est là. Les scénaristes usent cette grosse ficelle jusqu’à la corde, en étirant sur une seule note l’hypothèse d’une inextinguible soif d’amour chez le petit Reginald Dwight, dit Reggie, qui perdurera chez son double adulte, Elton John… N’est-ce pas le cas d’un peu tout le monde ?

Au fil des rencontres, la personnalité et le personnage se développent. On notera la belle présence de Jamie Bell en Bernie Taupin, jeune auteur inspiré et ami sincère… La création de la chanson Your Song, écrite par Bernie et déchiffrée et improvisée par Elton sur le piano familial, est au passage un joli moment d’émotion suspendue. Pour le reste, avec la prise de pouvoir de John Reid (amant, agent et vampire) interprété par un Richard Madden emphatique, l’escalade des addictions se succède sans grande surprise. Les moments de comédie musicale où les morceaux sont dansés et chantés par des quidams dans la rue sont un peu balourds. Il n’y a pas d’ordre chronologique dans l’utilisation des chansons, mais plutôt un choix « biographique » et un peu illustratif de celles-ci (notamment Sorry Seems to Be the Hardest Word). L’ensemble, malgré tout, fonctionne, comme un show pop et bigarré reprenant les moments cruciaux sur scène et les costumes qui les accompagnent. Il se clôt sur une série de cartons faisant état de la rédemption de la star, qui a trouvé l’amour et une certaine paix, même s’il est toujours accro au shopping…