Comment ça va, les cinéastes ?


Quatre questions à Rémi Chayé, réalisateur de Calamity

Le film de Rémi Chayé, Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, n’était pas resté longtemps à l’affiche, pour cause de reconfinement. Publié en DVD, le 7 avril 2021, il retrouve les écrans le 19 Mai, à la réouverture des salles de cinéma.   

Comment s’aborde la ressortie en salles si particulière ? Cette deuxième chance laissée au film ? 

Calamity revient au cinéma, des salles vont le programmer, mais cela n’a pas du tout l’impact de la première sortie nationale, portée par la campagne de promotion, l’affichage, les critiques. On ne retrouvera jamais la dynamique enclenchée à ce moment-là. Je me dis que Calamity fait partie des films qui ont eu la chance de sortir en salles, quand certains films ne sont pas sortis du tout. Une chance au milieu de la catastrophe : alors, même si c’est frustrant, je relativise.

Comment avez-vous vécu la sortie de Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, dont la carrière a été écourtée par la fermeture des salles de cinéma, à l’automne ? 

Je revenais de deux semaines de voyage avec le film. J’avais fait le plein d’énergie avec le public que j’avais rencontré : mon ego était boursouflé. Sur le moment, cela m’avait permis de passer le cap de ce deuxième confinement. Mais quand je me suis rendu compte que les cinémas ne pourraient rouvrir avant longtemps, j’ai pris le truc dans la figure. D’autant plus que le film avait pas mal démarré.

Vous avez envie de l'accompagner encore auprès des publics ? 

Oui. On l’avait déjà fait malgré le confinement, notamment pour des festivals en ligne.  Sur le petit créneau que nous occupons, des films à petit budget, on a l’habitude de cet accompagnement. Il est nécessaire, parce qu’on n’a pas les moyens démesurés du marketing des super productions américaines : il faut aller chercher notre public. En sortant de la salle, les spectateurs sont peut-être contents, touchés, émus, encore faut-il les y faire rentrer, les convaincre d’aller au cinéma.

Calamity Jane est une histoire américaine. Cela ouvre des possibles, sur le marché US ?

On n’a pas de distributeurs aux États-Unis, car le deal est extrêmement difficile à faire, et c’est la grosse déception.  Il y a quelques campus américains qui projettent le film, quelques passionnés d’animation qui le montrent, mais c’est minuscule.  Ce marché est très difficile, car le standard Pixar s’est imposé là-bas.  On existe à la marge, pour des cinéphiles, des écoles d’art, mais c’est limité.