Dans un vieil hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale mène une étrange expérience artistique : faire jouer une pièce hallucinée par des comédiens privés de sommeil. Plus de dix ans après L’Orphelinat, No dormirás perpétue les codes de ce qu’on a appelé « Le nouveau cinéma d’horreur espagnol ».
Un vieil institut portant les stigmates des horreurs passées, des fantômes dont on ne sait s’ils hantent le lieu ou les esprits, pas de doute : No dormirás s’inscrit dans la lignée directe de L’Orphelinat, réalisé en 2007 par Juan Antonio Bayona. Malheureusement, l’Uruguayen Gustavo Hernandez est loin d’être aussi virtuose que son confrère espagnol. Le souffle étrange et effrayant qui planait sur l’orphelinat de Bayona est parfois bien présent dans l’hôpital psychiatrique de Hernandez, mais No dormirás se perd dans une histoire complexe et parfois incompréhensible, perdant le spectateur bien avant son twist final et installant dans son film le pire ennemi de la peur : l’ennui. Dommage, car cette histoire de théâtre radical, qu’on peut rapprocher du Théâtre de l’Opprimé du Brésilien Augusto Boal (dans une version plus glauque) est parfois fascinante. Il y a quelque chose d’éminemment hispanique, de latino-américain, dans le discours que Hernandez porte sur la pratique théâtrale et ses enjeux – via le personnage d’Alma, la metteur en scène – pourtant exempt de toute référence, au delà de l' »histoire vraie » qui a inspiré cette fiction. Dans le théâtre d’Alma comme dans celui de Boal, tout le monde est acteur et tout le monde est spectateur. Et son objectif est simple : procurer, par un travail physique et radical du jeu, une modification psychique de ses participants, qui vont, dans No dormirás, jusqu’à révéler à eux-mêmes des secrets enfouis. Ainsi, même si le film manque de rythme et de fluidité scénaristique, il n’en garde pas moins une proposition originale et parfois efficace de film d’horreur psychologique.