Mon bébé

Saudade familiale

Lisa Azuelos envisage sa fille Thaïs Alessandrin et l’excellente Sandrine Kiberlain en duo mère-fille inspiré de sa propre histoire, dans Mon bébé, comédie peu rigoureuse, mais souvent drôle et émouvante.

C’est un scénario nourri de vécu. Quand sa fille lui annonce qu’elle part au Canada faire ses études, le monde de Lisa Azuelos vacille. Pour capturer chaque précieux moment qu’elle partage avec elle avant son départ, la réalisatrice la filme en permanence avec son téléphone. Ses images intimes lui inspireront Mon bébé, qui retrace les derniers mois de vie commune d’une mère et de sa fille, avant que la demoiselle ne prenne son envol.

Lointainement influencé par la série This Is Us et le film Boyhood de Richard Linklater, Mon bébé fait du lien familial et du temps qui passe les thèmes d’une comédie toujours sur le fil entre joie et mélancolie. Lisa Azuelos (LOL, Dalida) a réalisé au montage un travail d’équilibriste, qui tisse instants présents et flash-back sans que la nostalgie de l’enfance évanouie ne l’emporte sur l’humeur des personnages.

Il faut dire que Sandrine Kiberlain, dans le rôle de la mère célibataire très attachée à ses enfants, déploie une énergie sans faille et parvient autant à faire rire qu’à faire pleurer (la séquence où elle fond en larmes après avoir perdu son portable et ses archives familiales est chavirante ; celle de l’arrestation en voiture, gonflée, déclenche le fou rire). De film en film, cette comédienne-stradivarius prouve un peu plus à chaque fois qu’elle est indispensable au cinéma français. Son sens du rythme, du micro-détail qui fait mouche, de la comédie dans ce qu’elle a de plus complexe et délicat réjouit et embarque.

Peut-être sa partition ici aurait-elle gagnée à être plus écrite, car la grande part apportée par l’improvisation à ce film lui confère, certes, un ton spontané, mais certaines séquences manquent de tenue, s’effilochent sur la durée et donnent la sensation, à certains endroits, que l’écriture pêche par désinvolture. Même chose pour l’image du film dans son ensemble, pas toujours très esthétique.

Toujours est-il que la force des liens qui unissent cette mère attentionnée et ses trois enfants sonne juste et émeut. Lisa Azuelos regarde ses comédiens avec un amour considérable. Cela se ressent et tire le film vers le haut.