Le nouveau Miguel Gomes était l’événement mystère de la dernière Quinzaine des Réalisateurs. Une fresque en trois tableaux, avec trois dates de sortie indépendantes. Un ovni digne de l’attente cinéphile envers le réalisateur portugais, devenu l’un des centres d’intérêt du cinéma mondial en dix ans et trois films : La Gueule que tu mérites (2004), Ce cher mois d’août (2008) et l’acclamé Tabou (2012). Le premier volet, titré Volume 1 : L’Inquiet ouvre le bal fin juin. C’est l’histoire d’un cinéaste, Miguel Gomes, qui fait un nouveau film et veut prendre le pouls de son pays, le Portugal, en plein marasme politique, économique et social, sur fond de crise européenne. Incapable de mener à bien son récit, il passe le relais à la conteuse des Mille et une nuits, Shéhérazade, qui devient la narratrice et fait le lien entre différents tableaux métaphoriques. Où des décideurs en pleines négociations sont frappés d’érection permanente par un sorcier. Où une baleine échoue sur une plage. Où un coq chante avant l’heure et déclenche un conflit de voisinage. Où des travailleurs courent se jeter dans l’eau. Le cinéaste plonge dans l’actualité de sa nation, de sa terre, de ses compatriotes, pour raconter le monde. Il injecte de la fable magique pour atteindre l’universel. Le chantier naval croise une sirène, les chameaux des grues. C’est fou. C’est barré. C’est poétique. C’est en scope. C’est Miguel Gomes. Boa viagem !