César 2021

Sans cérémonie

Sept statuettes pour Adieu les cons, trois pour Adolescentes, Jean-Pascal Zadi, Laure Calamy et Sami Bouajila récompensés. On ne peut que se réjouir. La cérémonie, elle, était inégale mais pleine de bravoure.

Ce vendredi 12 mars, la 46e cérémonie des César, présidée par Roschdy Zem était animée avec insolence touchante et grâce guerrière par Marina Foïs (en coécriture avec Blanche Gardin et Laurent Lafitte et mise en scène par ce dernier). Elle a (un peu) redonné des couleurs au cinéma.

C’est d’autant plus méritant que cette fête du 7e art était par avance lestée du poids de plusieurs défis à relever.

D’abord, succéder à la cérémonie de 2020 sans masques, mais avec rixes (au moins verbales), ses manifestations féministes aux portes de la salle Pleyel, ses malaises, ses désagréments et le départ d’Adèle Haenel et de quelques autres. L’année où la grande famille du cinéma a pris l’eau.

Ensuite, fêter le cinéma français qui est en insuffisance respiratoire alors que les salles (non essentielles) sont à nouveau fermées depuis le 28 octobre et que l’année écoulée a vu son exploitation tronquée de 162 jours, sans compter la frilosité des spectateurs dans les semaines qui ont suivi la réouverture du 22 juin, sans compter les couvre-feux dans un certain nombre de grandes villes à l’automne avant le deuxième confinement.

À cinq jours près (17 mars 2020), on aurait pu « célébrer » (façon de parler) le confinement 1, et  compter les morts, qui ont dépassé la barre des 90.000 dans l’Hexagone. Bref, constater que le réel en général et le Covid en particulier ont plus d’actualité et de rebondissement que n’importe quel film…

Plus généralement, depuis 46 ans, cette fête du cinéma a toujours été longue, inégale, mal fichue, et chaque édition a tenté de faire oublier qu’entre deux saillies, trois discours politisés et un ou deux moments de grâce, on s’ennuie velu. Ce fut encore le cas cette année…

Mais, cette fois-ci, même avec une salle clairsemée de 150 personnes (nommés et remettants) réaménagée avec petites tables et lampes (« Il y a la place pour les jambes, a noté Lafitte : c’est le Qatar Airways des César ! »), il y avait quelque chose du plaisir d’être là qui traversait nos écrans de télévision. Et dans la grande famille du cinéma, il y avait du monde, de la diversité, des petits cousins jadis absents…

Marina Foïs a tenu son rôle avec prestance et humour trash « N’oublions pas que, sans la lumière, la coloscopie ne serait qu’un trou noir », les remettants ont tenté, parfois sans l’atteindre, cet équilibre précaire. Le mélange des genres n’a pas toujours pris et surtout les discours ont semblé univoquement corporatistes et donc, à mesure qu’ils s’empilaient, ont perdu en impact ce qu’ils avaient en justesse. Le grand écart entre Jeanne Balibar et Corinne Masiero était à l’image de cette soirée étrange. La première tout en strass bleu et joliment sage derrière son pupitre, rendant hommage aux femmes de plus de cinquante ans invisibles à l’écran, puis pointant sans ambages, mais avec pertinence, la nouvelle réforme de l’assurance chômage et les ministres Elisabeth Borne et Muriel Pénicaud ; la seconde remettant le César des costumes en gambadant sur la scène, portant d’abord celui de Peau d’âne, puis, dessous, la robe sanguinolente de Carrie au bal du diable, avant de se dévêtir en Femen de la culture en danger, dans un tourbillon brouillon et un peu gênant, même si éminemment courageux et iconoclaste.

On n’oubliera pas Jean-Louis Trintignant, citant Brassens, la voix merveilleuse et le sourire en coin, ni Laure Calamy, troublée, rassemblant ses esprits pour parler de la décentralisation et de la culture pas uniquement parisienne, ni Valérie Lemercier (en robe Céline Dion première manière ?) racontant ses stratagèmes pour sortir de chez elle, ni Sami Bouajila, ému, évoquant le désert de Tataouine et son grand-père, ni l’enlacement fougueux avec lequel Fanny Ardant a accueilli ce dernier sur scène, premier du genre dans cette soirée ne respectant rien, sauf les gestes barrières. 

Quoi qu’il en soit, cette cérémonie était infaisable, et pourtant, il fallait la faire. Elle est faite.

Meilleur film 

Lauréat : Adieu les cons réalisé par Albert Dupontel 
Adolescentes réalisé par Sébastien Lifshitz 
Antoinette dans les Cévennes réalisé par Caroline Vignal 
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait réalisé Emmanuel Mouret
Été 85 réalisé par François Ozon 

 

Meilleure réalisation

Lauréat : Albert Dupontel pour Adieu les cons
Maïwenn pour ADN
Sébastien Lifshitz pour Adolescentes
Emmanuel Mouret pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
François Ozon pour Eté 85

 

Meilleure actrice

Lauréate : Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes 
Martine Chevallier dans Deux 
Virginie Efira dans Adieu les cons
Camélia Jordana dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Barbara Sukowa dans Deux 

 

Meilleur acteur

Lauréat : Sami Bouajila dans Un Fils 
Jonathan Cohen dans Énorme 
Albert Dupontel dans Adieu les cons
Niel Schneider dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Lambert Wilson dans De Gaulle 

 

Meilleure actrice dans un second rôle 

Fanny Ardant dans ADN
Valeria Bruni Tedeschi dans Été 85 
Lauréate : Emilie Dequenne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Noémie Lvovsky dans La Bonne Épouse 
Yolande Moreau dans La Bonne Épouse 

 

Meilleur acteur dans un second rôle 

Édouard Baer dans La Bonne épouse 
Louis Garrel dans ADN
Benjamin Lavernhe dans Antoinette dans les Cévennes 
Vincent Macaigne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Lauréat : Nicolas Marié dans Adieu les cons

 

Meilleur espoir féminin

Mélissa Guers dans La Fille au bracelet 
India Hair dans Poisson sexe 
Julia Piaton dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Camille Rutherford dans Felicità
Lauréate : Fathia Youssouf dans Mignonnes 

 

Meilleur espoir masculin

Guang Huo dans La Nuit venue 
Félix Lefebvre dans Été 85 
Benjamin Voisin dans Été 85
Alexandre Wetter dans Miss
Lauréat : Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir 

 

Meilleur premier film : 

Lauréat : Deux réalisé par Filippo Meneghetti
Garçon chiffon réalisé par Nicolas Maury 
Mignonnes réalisé par Maïmouna Doucouré 
Tout simplement noir réalisé par Jean-Pascal Zadi
Un divan à Tunis réalisé par Manele Labidi 

 

Meilleur documentaire 

Lauréat : Adolescentes réalisé par Sébastien Lifshitz 
La Cravate réalisé par Étienne Chaillou et Mathias Théry
Cyrille agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes réalisé par Rodolphe Marconi
Histoire d’un regard réalisé par Mariana Otero
Un Pays qui se tient sage réalisé par David Dufresne

 

Meilleur film d’animation 

Court-métrage

Bach-Hông réalisé par Elsa Duhamel 
Lauréat : L’Heure de l’ours réalisé par Agnès Patron
L’Odyssée de Choum réalisé par Julien Bisaro
La Tête dans les orties réalisé par Paul Cabon

Long-métrage

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary réalisé par Rémi Chayé
Lauréat : Josep réalisé par Aurel 
Petit vampire réalisé par Joann Sfar

 

Meilleur court-métrage

L’Aventure atomique réalisé par Loïc Barché
Baltringue réalisé par Josza Anjembe
Je serai parmi les amandiers réalisé par Marie Le Floc’h
Lauréat : Qu’importe si les bêtes meurent réalisé par Sofia Alaoui 
Un adieu réalisé par Mathilde Profit 

 

Meilleure photographie

Lauréat : Alexis Havyrchine pour Adieu les cons
Antoine Parouty et Paul Guilhaume pour Adolescentes 
Simon Beaufils pour Antoinette dans les Cévennes 
Laurent Desmet pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Hichame Alaouié pour Été 85 

 

Meilleur son 

Jean Mimondo, Gurwal Coïc-Gallas, Cyril Holtz pour Adieu les cons
Lauréats : Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin, Olivier Goinard pour Adolescentes
Guillaime Valeix, Fred Demolder, Jean-Paul Hurier pour Antoinette dans les Cévennes 
Maxime Gavaudan, François Mereu, Jean-Paul Hurier pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Brigitte Taillandier, Juliern Roig, Jean-Paul Hurier pour É 85

 

Meilleur montage 

Christophe Pinel pour Adieu les cons
Lauréate : Tina Baz pour Adolescentes 
Annette Dutertre pour Antoinette dans les Cévennes 
Martial Salomon pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Laure Gardette pour É 85

 

Meilleurs costumes 

Mimi Lempickaour pour Adieu les cons
Lauréate : Madeline Fontaine pour La Bonne Épouse
Hélène Davoudian pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Anaïs Romand et Sergio Ballo pour De Gaulle 
Pascaline Chavanne pour Été 85

 

Meilleurs décors 

Lauréat : Carlos Conti pour Adieu les cons
Thierry François pour La Bonne Épouse
David Faivre pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Nicolas de Boiscuillé pour De Gaulle 
Benoît Barouh pour Été 85

 

Meilleure musique originale 

Christophe Julien pour Adieu les cons
Stephen Warbreck pour ADN 
Mateï Bratescot pour Antoinette dans les Cévennes 
Jean-Benoît Dunckel pour Été 85
Lauréat : Rone pour La Nuit venue 

 

Meilleure adaptation 

Olivier Assayas pour Cuban Network
Hannelore Cayre, Jean-Paul Salomé pour La Daronne
François Ozon pour Été 85
Lauréat : Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet
Éric Barbier pour Petit Pays

 

Meilleur scénario original 

Lauréat : Albert Dupontel pour Adieu les cons
Caroline Vignal pour Antoinette dans les Cévennes 
Emmanuel Mouret pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Filippo Meneghetti et Malysone Bovorasmy pour Deux 
Benoît Delépine et Gustave Kervern pour Effacer l’historique 

 

Meilleur film étranger : 

1917 réalisé par Sam Mendes 
La Communion réalisé par Jan Komasa 
Dark Waters réalisé par Todd Haynes 
Lauréat : Drunk réalisé par Thomas Vinterberg
Eva en août réalisé par Jonas Trueba 

 

César des lycéens : 

Adolescentes réalisé par Sébastien Lifshitz 

Lauréat : Adieu les cons réalisé par Albert Dupontel 

Antoinette dans les Cévennes réalisé par Caroline Vignal

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait réalisé par Emmanuel Mouret

Été 85 réalisé par François Ozon