Un célèbre et riche chef d’orchestre apprend qu’il a un frère tromboniste dans une fanfare du Nord. Une comédie réussie, parce qu’elle fait pleurer aussi.
Se découvrir une maladie grave et un frère en même temps. Apprendre que la vie n’est pas clémente pour chacun et que les chances de départ ne finissent pas systématiquement sur la même ligne d’arrivée. Retrouver le sens de la vie et de la solidarité avec des ouvriers dont l’usine est démantelée. Sur le papier, le chemin de ce film est balisé. Bons sentiments, deux doigts de social, un petit mix bien franchouillard des Virtuoses de Mark Herman et The Navigators de Ken Loach. Et pourtant.
À l’arrivée, En fanfare d’Emmanuel Courcol (Un triomphe, 2021) est un bonheur. Grâce tout d’abord à une écriture (cosignée avec Irène Muscari sur une idée d’Oriane Bonduel et Marianne Tomersy) parfaite : autant dans les situations, qui vont là où on ne les attendait pas, que dans les dialogues, justes et piquants, jamais encombrés de mots d’auteur. Grâce, ensuite à une interprétation superbe de tout le casting. Dominé par Benjamin Lavernhe (Thibaut, le chef d’orchestre célèbre) et Pierre Lottin (Jimmy, le tromboniste obscur), l’ensemble ici créé sonne parfaitement, avec les voix de Sarah Succo ou Jacques Bonnaffé, la présence trop rare de Clémence Massart et bien d’autres, inconnus, débutants. Tous plus vrais que vrais.
Le souffle qui emporte En fanfare est aussi original qu’il est ancré dans un humanisme authentique, un respect des hommes et des femmes ici racontés. Une fanfare du Nord, ça pourrait générer du folklore, mais le regard de Courcol fait toute la différence. C’est gai, c’est triste. On rit, on pleure. Et puis, on danse sur Dalida, on entre dans la mer, et on reconnaît la fraternité pour ce qu’elle est. Le sel de la vie.