Premiers Plans, fin de la 37e édition

La 37e édition de Premiers Plans a pris fin dimanche 26 janvier… Son palmarès permet de récompenser le travail et le talent, avec les honneurs, mais aussi de manière très concrète : les prix s’accompagnent souvent d’opportunités financières et/ou marketing pour accompagner ces premiers films – une manne inespérée quand on sait les restrictions budgétaires au sein de la distribution en France.

La Pampa d’Antoine Chevrollier remporte le Prix Jeanne Moreau, alias le Prix du Public. Ce même public a accueilli le premier film de cet enfant du pays avec une standing ovation durant de longues minutes en début de festival. Les larmes coulaient à flot dans la plupart des rangs, alors que le réalisateur et ses interprètes, parmi lesquels Sayyid El Alami (Prix Bouvet Ladubay d’interprétation masculine) retenaient difficilement, et avec pudeur, une immense émotion. Le film, impeccable en tous points et dont la portée universelle s’avère cruciale par les temps qui courent, sort le 5 février sur les écrans français.

Vers un pays inconnu de Mahdi Fleifel (Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2024), sur la bascule inexorable de deux cousins palestiniens bloqués à Athènes et cherchant désespérément à fuir vers l’Allemagne, a reçu le Grand Prix du Jury.

Mention spéciale du Jury pour Kneecap de Rich Peppiatt, biopic enfiévré, à la fois politique et comédique, qui retrace le parcours d’un groupe de rap irlandais.

Joana Santos remporte le Prix Bouvet Ladubay d’interprétation féminine pour son rôle dans On Falling de Laura Carreira, confirmant son passage de star TV chérie au Portugal à celui d’actrice incontournable sur grand écran.

La Pampa
Amaury Foucher et Léonie Dahan-Lamort (La Pampa) par Guillaume Delmas (DR).

Cette 37e édition de Premiers Plans, marquée par le retrait brutal et de dernière minute de la subvention de la Région, symbolise la force des amoureux du cinéma, et la passion pugnace d’une équipe infatigable. Claude-Eric Poiroux, Délégué général du festival, nous a confié son admiration pour le public, les bénévoles, et toutes celles et tous ceux qui font du festival une réalité. À écouter ce grand amoureux du cinéma, on comprend qu’accompagner les films et les cinéastes est pour lui une mission, une vocation, quels que soient les obstacles : “Il y a un contexte d’économie générale qu’on peut tout à fait entendre. Oui, il faut faire des économies. On sait que la culture doit être décentralisée. C’est l’une des priorités actées en France depuis Malraux. Cette tradition doit être perpétuée. Et puis, il y a les mots utilisés par la Région, nous accusant d’être des profiteurs, qui dépassent l’entendement. Nos équipes et nos partenaires savent comment nous travaillons. Le profit n’est pas une considération. Nous sommes un festival très populaire, nous sommes tout sauf élitaires, et nos résultats parlent d’eux-mêmes. Nous attirons des publics surprenants, des enfants, des ados, des personnes âgées, qui viennent apprendre, rencontrer… Inclure le cinéma dans la vie, dans l’école, c’est un travail important, qui place l’ouverture d’esprit au centre de tout. Et cette  ouverture d’esprit est essentielle. Les films n’ont pas simple valeur de divertissement. Ils racontent la vie, ils offrent des points de vue multiples, ils nous apprennent à lire et à comprendre la vie autrement.”

Monsieur le Délégué général et toute l’équipe d’Angers peuvent se targuer d’avoir, une année de plus, défendu le futur du cinéma dans un esprit d’accessibilité et d’inclusivité. Les chiffres, tous en hausse par rapport à 2024, ne mentent pas : 83 000 entrées, 30 750 jeunes de moins de 25 ans, dont 1 800 hors groupes scolaires, une progression de la fréquentation dans quasiment toutes les catégories et une mobilisation sans précédent des grands et petits mécènes individuels, qui prouvent qu’à tout niveau, on peut collectivement résister.

 

Mary Noelle Dana