BIFFF 2019 : retour aux fondamentaux

A Bruxelles, du 9 au 21 avril

Vite vite, avant que le Festival de Cannes n’occupe tout l’espace, revenons sur la 37e édition du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF).

Pour faire chaque année le plein de films « pas pareils », j’ai mon petit circuit bien rodé de manifestations dédiées au cinéma de genre. Le NIFFF (juillet), L’Étrange Festival (septembre), le FEFFS (septembre aussi), le LUFF (octobre), les Utopiales (novembre). Et puis, au printemps, le BIFFF. Or, en 2018, pour cause de grèves SNCF, j’ai manqué la 36e édition de ce dernier, alors qu’habituellement il est celui qui donne le la à ma ronde festivalière. Mon monde ne s’est pas arrêté de tourner pour autant, mais il s’est légèrement désaxé. Et en y retournant cette année, j’ai bien réalisé que mes incursions au pays des tonitruants fantasticophiles, si courtes soient-elles, s’imposaient.

On le redit ? Au BIFFF, la moitié du plaisir tient à l’ambiance : même (parfois surtout) les mauvais films justifient le déplacement, tant le public y met du sien. En revanche, dans ces conditions, passé un certain degré de fatigue, il n’est plus toujours évident d’exercer sérieusement son esprit critique. Alors oserai-je avancer que, pour moi, le meilleur film de cette édition (où je n’ai pu rester que quarante-huit heures, et où j’ai donc vu « seulement » quatorze films) est The Pool de Ping Lumprapleng ? Peut-être une résurgence de notre récent dossier consacré aux piscines… Quoi qu’il en soit, l’histoire de ce jeune publicitaire coincé au fond d’un vaste bassin qui se vide inexorablement m’a mise en joie. Certes, l’ensemble est tiré par les cheveux, incohérent, voire parfaitement crétin, mais aussi trépidant et franchement amusant.

Très drôle également : Killer Weekend de Ben Kent et son jeu de massacre pour de faux, puis pour de vrai, lors d’une partie d’Escape Game censée être le point culminant d’un enterrement de vie de garçon. J’aurais bien imaginé l’un ou l’autre de ces deux-là repartir avec le Prix du public, mais surprise, c’est One Cut of the Dead de Shin’ichirô Ueda qui a eu ce privilège. Je le mentionne, car je ne m’explique toujours pas l’engouement que suscite ce projet de fin d’étude, étoffé après coup, narrant le tournage d’un film de zombies parasité par une attaque de – eh oui – zombies. Déjà bien présent dans les festivals, il a carrément bénéficié, en France, d’une sortie en salle sous le titre Ne coupez pas !… Qu’est-ce que j’ai manqué ???

Tant que j’y suis, j’insère ici un bref paragraphe sur mes autres relatives déceptions, histoire de tout évacuer en une fois. Parmi celles-ci, quelques titres oubliables, que j’ai d’ailleurs déjà oubliés – le tout-venant du cinéma d’horreur pépère, éventuellement sympa au coup par coup, mais supportant mal la juxtaposition. Et puis Achoura de Talal Selhami. Là, je suis embêtée, car j’avais – et même j’ai toujours – très envie d’aimer cette proposition plus originale venue du Maroc, avec son monstre folklorique gloutonnant des enfants une nuit par an. Malheureusement, en dépit d’une esthétique soignée, la direction d’acteurs est si aléatoire qu’elle m’empêche décidément d’adhérer. À revoir dans un autre contexte ?

Mais il ne s’agirait pas de nous quitter sur une soupe à la grimace ! Alors je veux encore citer le déroutant Rock Steady Row de Trevor Stevens, programmé dans la section 7e Parallèle (qui défriche et rassemble toutes sortes de bizarreries cinématographiques). Film de campus péri-apocalyptique, Rock Steady Row voit s’affronter deux fraternités pour le contrôle des vélos, quand débarque un nouveau venu, heureux possesseur d’une superbe bicyclette. Et puis j’ai l’impression que Kill Ben Lyk d’Erwan Marinopoulos tirait lui aussi son épingle du jeu, mais il était projeté à une heure si nocturne que j’ai dû fermer les yeux un instant. Du coup, je ne sais pas pourquoi, au final, tous ces gens qui s’appellent Ben Lyk se font dégommer.

Sinon évidemment, entre les séances, il y avait le bar où descendre quelques pintes de la cuvée des Trolls en écoutant les interviews publiques des invités, les différents stands où feuilleter des livres, le coin VR sur lequel j’ai malencontreusement fait l’impasse, mais qui semblait fort bien pourvu, des visages amis, ici ou là, avec lesquels deviser. Bref, vivement l’année prochaine, en espérant pouvoir y consacrer plus de temps !

 

>>> La chaîne Youtube du BIFFF