BIFFF 2017 : de Tunnel en Tunnel, pas d’impasse

A Bruxelles, du 4 au 16 avril

OK, la 35e édition (35 ans !!!) du Brussel International Fantastic Film Festival (BIFFF) s’est achevée il y a déjà trois semaines, et tandis que la presse internationale s’employait à relayer dans la foulée le palmarès, moi…  Moi-moi-moi… NON, je ne procrastinais pas. J’attendais juste le moment adéquat. C’est-à-dire la sortie française de Tunnel, récompensé cette année par le prix de la critique.  Voilà. On va dire ça.

Tunnel (de Kim Seong-hun, sortie française le 3 mai), narre les mésaventures d’un homme impatient de rentrer fêter l’anniversaire de sa fillette. Mais il est retardé à une pompe à essence par un vieil employé maladroit, qui avant de le laisser reprendre sa route le force à accepter deux bouteilles d’eau pour se faire pardonner. Ouf, car le chemin du retour passe par un tunnel tout beau, tout neuf, tout mal construit. Et bien sûr, catastrophe : notre héros se retrouve enseveli sous une montagne. A partir de là, il reste deux heures de film et plusieurs jours de calvaire pour l’enterré vivant, ainsi que pour son pugnace sauveteur. Deux personnages éminemment sympathiques –et comiques malgré les circonstances- au cœur d’un récit qui ne ménage en revanche ni les politiques opportunistes, ni la presse charognarde (c’est ce qui a dû séduire le jury), ni les entrepreneurs corrompus. “Weeelcom“, comme on aime dire au BIFFF.

 

De l’importance de bien entrer dans le vi(ff) du sujet

Tunnel est le premier film que j’ai vu en arrivant à Bruxelles, un heureux concours de circonstances car il est rare que je cible des titres dont la sortie en salles est programmée, alors que je ne passe que trois jours dans un festival qui propose par ailleurs des dizaines d’inédits. Toujours est-il que sous ces bons auspices, je me suis directement inscrite pour la séance de l’autre tunnel,  At The End of the Tunnel (de Rodrigo Grande, disponible en VoD depuis le 18 avril), et bien m’en a pris car : paf, il est sorti vainqueur de la compétition Thriller.

Excellente surprise que ce film de braquage en huis clos, avec un méchant vraiment méchant (ce que n’a évidemment pas manqué de relever le public) et un gentil vraiment astucieux. A titre personnel, le plaisir était d’autant plus grand que j’avais entrainé des néophytes à cette séance, me disant qu’au pire ils sauraient apprécier l’ambiance délirante d’une projection biffienne. Mais là ils ont eu la totale : bon film + public bien en phase (ce n’est pas toujours le cas). Et hop : deux nouveaux convertis ! Convertis aux bières belges et au Maitrank de Jean-Luc Ligot également, mais ceci est une autre histoire –ah, décidément, il fait bon passer par la Belgique.

Bref. Deux films = deux prix. Et ça ne s’est pas arrêté là : sans vouloir me vanter, cette année j’ai quasiment fait le grand schelem avec les prix des différentes sections longs métrages.

 

Bingo(s)

Dans la Compétition internationale, Corbeau d’Or pour le joliment efficace et un brin vintage Safe Neighborhood (Chris Peckover) : vu.  Corbeau d’Argent ex-aequo pour le sympathique We Go On (Andy Mitton et Jesse Holland) et l’hilarant The Mermaid (Stephen Chow) : vu et vu. Prix du public pour (pas d’adjectif car je l’ai plus ou moins oublié) The Autopsy of Jane Do (Andre Øvredal, annoncé en sortie française le 31 mai) : vu. Et dans la Compétition 7e Parallèle, l’inoxydable Swiss Army Man (Daniel Kwan et Daniel Scheinert) : vu évidemment (il y a presque un an, au NIFFF, et celui-là ne me quitte pas). J’ai juste raté, outre quelques mentions spéciales, le Méliès d’Argent, décerné à Small Town Killers (Ole Bornedal). Mais j’ai bon espoir de me rattraper en d’autres terres fantasticophiles (le NIFFF et L’Etrange Festival approchent).

 

Un petit coup de projecteur ?

Il était en Compétition 7e Parallèle, attardons-nous un instant sur This Giant Papier Maché Boulder is actually really heavy –diable, quel titre long et abscons !- réalisé par l’artiste contemporain néozélandais Christian Nicolson. Bon, je n’arrive pas bien à décider s’il s’agit d’une vile fumisterie ou d’un brillant hommage (ce doit être dû à la façon décousue dont je l’ai vu = par petits bouts en salle de presse), mais il continue à me trotter dans la tête. Alors il gagne sa place dans ce compte-rendu. Hop bande annonce :

 

Et puis, mesdames

Faut-il, pour conclure, souligner que le jury de la Compétition international était cette année 100% féminin ? C’est un peu bête, mais ce genre de prise de position me fait toujours (archaïquement ?) plaisir ; même si sur le long terme je préfèrerai tout de même, et de loin, que la parité s’installe. Cette édition présidée par Euzhan Palcy aura en tout cas eu le mérite d’attirer mon attention sur le travail de la réalisatrice, Corbeau d’Argent 1993 au BIFFF pour Simeon. Et je me fait une joie d’explorer bientôt sa cinématographie (vive les lacunes, ce sont des promesses de belles heures à venir !)