Pour sa 24e édition, le Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) explore une nouvelle thématique, à travers son volet rétrospectif : Take Care ! Focus en zigzag et du coq à l’âne…
« Take Care ! » : « prenez soin de vous ! ». Dans sa note d’intention, le NIFFF questionne cette injonction, pas forcément bienveillante. L’intitulé, malicieux comme chaque année (en 2024, c’était « Eat the Rich »), ouvre ainsi un large champ des possibles, à travers une vingtaine de longs-métrages, issus de (presque) tous continents et toutes époques. Avec même, à la clef, quelques découvertes en perspective pour la catégorie des spectateurices d’âge moyen pensant avoir tout vu – mais ne souscrivant à aucune plate-forme.
Et donc, plutôt que de mettre l’accent sur des films connus et approuvés (le formidable Safe de Todd Haynes (1995) en tête, The Elephant Man de David Lynch (1980) ou encore Incidents de parcours (1988) parce qu’on aime pour toujours George A. Romero), intéressons-nous à ce qui se révèlera délicieuse surprise ou légère déception (pas de cran en dessous).
À commencer par Une page folle de Teinosuke Kinugasa (1926). Film muet japonais, étiqueté culte, sur une femme internée en psychiatrie que cherche à retrouver son mari. Cette proposition n’est pas sans évoquer une pépite que l’on a pu découvrir l’an passé au NIFFF, voilà l’occasion d’en parler enfin : Choke de Gen Nagao (2023), ou un affolant et hilarant retour aux sources (sans parole, en noir et blanc, jeu appuyé, imagination débridée) : une femme en est aussi le centre, se débattant avec hargne dans un univers post-apocalyptique.
Ensuite, venu d’Australie, Patrick de Richard Franklin (1978). La bande-annonce montre un patient catatonique doté de forts pouvoirs télékinésiques, et toute la permissivité des films de cette période. Hâte de (re)voir celui-ci aussi.
Puis en vrac, dans des hôpitaux qu’il vaut mieux fréquenter à l’écran uniquement : Infection de Masayuki Ochiai (2008), The Cured de David Freyne (2017), Paranoïa de Steven Soderbergh (2018)… Chic, il y a de quoi faire !
La thématique est complétée par un parcours artistique en divers lieux de la ville, et notamment l’exposition Mens sana in corpore sano, sur la dualité entre chair et âme, en collaboration avec la réputée Maison d’Ailleurs.
En conclusion sur ce chapitre, l’époque n’étant globalement pas à la fête, on aimerait tout de même prendre « Take Care ! » pour une recommandation, et l’appliquer au premier degré !
Donc prenons soin de nous (et des autres), nourrissons joyeusement notre cinéphilie pendant quelques jours et revenons en parler ici à l’issue de ce beau festival, qui propose aussi une compétition internationale, une compétition asiatique, les incontournables sections Third Kind et Ultra Movies, des cartes blanches, des programmes courts, des rencontres, des propositions pour les enfants curieux, des séances en plein air…