NIFFF 2017

De l’énergie à revendre

Allez , cette année je tente l’approche chronologique pour relater mon indispensable virée au NIFFF, ce beau rendez-vous qui constitue une des bases -au même titre que L’Etrange Festival, les Utopiales, le BIFFF, le LUFF ou le FEFFS– de mon ADN cinéphile.

Jour 1

Or donc, arrivée dimanche 2 juillet vers 14h, j’ai loupé le début de Como agua para chocolate (Alfonso Arau, 1992), mais heureusement pas fait l’impasse totale sur ce délice programmé dans le cadre de la section “Neuchâtel a du goût“. La bande annonce, en espagnol, ne laissait pas présager autant d’humour, d’imagination et de sensualité dans cette peinture d’une fille mal-aimée, ultra volontaire et fine cuisinière = excellente surprise. Et belle mise en bouche pour la suite.

Et la suite, ça a été directement LE plat de résistance du festival –Ok, maintenant j’arrête avec les métaphores culinaires. Et je crie à l’unissons des veinards qui ont assisté à la même séance que moi : Baahubaliiiiiiiiii !!!! Epopée indienne en deux parties réalisée par S.S. Rajamouli, Baahubali ne lésine sur rien : de l’héroïsme, des rebondissements, de l’humour, de la romance, de l’amour filial, de la camaraderie, des trahisons, des bastons bien chorégraphiées et mises en valeur, des effets spéciaux et un univers visuel à la limite du chromo, un sens du rythme trépidant, une musique galvanisante… Bref, j’aime bien, quoi. La première partie, je l’avais découverte aux Utopiales il y a deux ans, il paraît que le second opus, Baahubali : The conclusion a “bénéficié“ d’une micro sortie en salles en France, mais ça a été si fugace que je l’ai loupé. Alors ouf, merci le NIFFF pour la séance de rattrapage !

Par contre, à l’issue de ces 2h30 de projection j’étais tellement rassasiée qu’enchaîner avec le très attendu JoJo’s bizarre adventure de Takashi Miike n’était pas forcément une bonne idée : j’ai frôlé l’indigestion –ah oui, zut, sus aux métaphores culinaires. Je m’attendais à une adaptation folle et trépidante du manga fleuve de Hirohiko Araki dont, élève appliquée, j’avais lu en amont les prémices : où l’on découvre les pouvoirs surnaturels de la lignée Joestar. Mais Miike, pourtant un maître dans l’art de dépasser les bornes –cf. Audition ou Visitor Q- s’embourbe là dans un objet bavard, longuet et inutilement onéreux. Une déception toute personnelle (le film a obtenu au final le prix RTS  du public) qui a tempéré mon plaisir à découvrir l’excentrique réalisateur en vrai pour la première fois. Cela reste néanmoins un des temps forts du festival qui le suit depuis longtemps.

magazine de cinéma - NIFFF 2017

Salle comble et ovation pour Takashi Miike et sa jeune star Kento Yamazaki

Jour 2

Lundi, avant toute autre chose : une baignade dans le lac de Neuchâtel (obligé, trop bon, routine matinale en place pour le reste du séjour). Puis j’ai entamé mon marathon cinématographique avec The Endless (Justin Benson et Aaron Moorhead, 2017) en séance de presse, car la veille à l’heure de la première publique du film, j’avais privilégié Howard the Duck (Willard Huyck, 1986), un des fleurons de la rétrospective “Rions dans l’espace“. Ben oui : 1/ je n’avais jamais vu Howard the Duck et je ne suis pas déçue du voyage et 2/ j’aime beaucoup le travail de Justin Benson et Aaron Moorhead (Resolution, Spring), alors je ne voulais pas risquer de somnoler devant leur nouvel opus à cause de l’heure tardive. Et bam, cette fois encore, le duo fait preuve d’originalité, de fantaisie et de maitrise en plaçant deux frères réchappés d’une secte au cœur d’un retour aux sources perturbant. Une nouvelle réussite qui leur a valu le prix NIFFF de la critique internationale et le prix Imagine The Futur du meilleur production design.

 

Juste avant sa sélection au NIFFF, The Endless était au Tribeca Film Festival, l’occasion pour Benson/Moorhead de se fendre d’une présentation décalée bien de leur cru :

L’autre belle découverte de ce lundi ça a été Dave made a maze (Bill Watterson, 2017). Où un gentil gars plein de velléités créatives, mais qui ne mène jamais rien à terme, entreprend de construire un labyrinthe en carton dans son salon, en l’absence de sa chérie. Quand celle-ci revient, il s’est perdu à l’intérieur. Commence alors une quête, à la finalité existentielle peut-être un peu simpliste, mais au traitement diablement élaboré –mention particulière pour le formidable décor en carton !

Ensuite par contre, pour une raison qui m’échappe, j’ai fait l’impasse sur le pourtant très attirant Trapped (Vikramaditya Motwane, 2017), qui s’est vu décerner le prix du meilleur film asiatique. A la place, je suis allée voir The little hours (Jeff Baena, 2017) = un ‘clin d’oeil’ (vraiment ?) à la nunsploitation, genre cinématographique riche en pépites comme en bousasses, mais jamais rien d’aussi platement navrant à ma connaissance. Même pas envie d’en parler tiens. Rideau. (Pour être honnête, ça a cependant beaucoup fait rire mes nombreux co-spectateurs).

Jour 3

Mardi, j’ai continué à faire majoritairement des mauvais choix de films et puis j’ai passé du bon temps en bonne compagnie hors des salles obscures. On oublie mardi.

 

Jour 4

Mercredi, retour aux affaires sérieuses. Bon, je me suis encore un peu loupée en début de journée, où au lieu d’assister à la projo presse de Super dark Times (Kevin Phillips, 2017), grand gagnant de cette édition, je suis allée faire un tour au Musée d’histoire naturelle pour visiter l’exposition “Manger, la mécanique du ventre“  (rappelez-vous : Neuchâtel, Ville du goût 2017…). Mais à rebours, je valide tout de même mon choix : j’aurai l’occasion de découvrir Super dark Times au FEFFS 2017, en revanche je n’aurais plus accès à des questions aussi fondamentales que :

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Les expositions du MHN sont toujours instructives et ludiques : là, on s’y fait avaler à l’entrée et on parcourt sur deux étages un système digestif plein de surprises.

Mais à midi, je suis repassée en mode festivalière sérieuse et j’ai enchainé. D’abord, Hostile (Mathieu Turi, 2017), un survival post-apocalyptique doublé d’un drame romantique en milieu chic. Ou l’inverse. Le jury du Lycée Denis-de-Rougemont lui a décerné son prix. Ensuite, le très doux Mon Ange (Harry Cleven, 2016), mention spéciale du jury Méliès. Je n’ai pas totalement réussi à m’absorber dans cette jolie histoire d’amour entre un garçon invisible et une demoiselle aveugle, même si j’en reconnais les qualités sensorielles. Mon goût me porte davantage vers le film d’après, qui a bel et bien obtenu le Méliès d’argent de cette édition, le survolté, féroce et cocasse El bar d’Alex de la Iglesia. Dont les films ne sortent plus en France, c’est rageant. Dans El bar, les clients disparates d’un débit de boisson sont pris au piège et je n’en dévoile pas plus.

Dans la foulée, j’ai encore vu deux chouettes films avec des personnages féminins très méchants –la comédie Tragedy girls (Tyler Macintyre, 2017) et, en séance de minuit, le surprenant Prevenge (Alice Lowe, 2016). Puis, il a été temps pour moi de dire au-revoir et à bientôt cher NIFFF…

 

PS : Pour sa dernière édition à la tête du service de presse du NIFFF, je tiens à dire un grand merci à Mylène d’Aloïa pour toutes ces années où elle a été une formidable interlocutrice.

PS 2 : Non, contrairement à ce que prétendent certains trolls sur internet, Justin Benson et Aaron Moorhead ne payent pas pour obtenir de bonnes critiques dans la presse. Rendez-vous avec eux au FEFFS 2017.

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Justin Benson et Aaron Moorhead font taire les trolls