L'interview minutée d'Alain Guiraudie

Viens je t’emmène

Alors qu’il s’apprête à faire son jogging sur les hauteurs de Clermont-Ferrand, Médéric (Jean-Charles Clichet) aborde Isadora (Noémie Lvovsky) qui, elle, fait le tapin. Il veut l’aimer, sans payer, d’une façon inédite. Isadora se laisse tenter et grimpe effectivement au septième ciel – jusqu’à ce qu’un attentat non loin de là, puis l’irruption de son mari (Renaud Rutten) ne mettent fin à la partie de jambes en l’air. Médéric rentre seul chez lui, quand un jeune Arabe (Iliès Kadri) l’aborde…

Dans Viens je t’emmène, Alain Guiraudie livre une fantaisie hivernale peut-être un peu plus sombre que ses précédents opus, mais il garde intacts son humour et sa capacité à questionner les archétypes. Il s’est prêté à l’exercice de l’interview minutée.

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.