César 2017

Les autres espoirs

Vendredi 24 février aura lieu la 42ème cérémonie des César. Dix-sept filles et dix-sept garçons ont composé les trente-quatre révélations 2017, dont les votants de l’Académie des César ont retenu cinq nommés de chaque sexe, et vont élire un élu et une élue. En voici dix autres. À suivre de près, car ils promettent, ils inspirent, ils assurent.

Chaque année, les César récompensent les meilleurs espoirs du cinéma français. La première cuvée eut lieu en 1983. Gagnants pionniers : Sophie Marceau pour La Boum 2 de Claude Pinoteau, et Christophe Malavoy pour Family Rock de José Pinheiro. Face à eux concouraient Souad Amidou pour Le Grand Frère de Francis Girod, Fabienne Guyon pour Une chambre en ville de Jacques Demy et Julie Jézéquel pour L’Étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre chez les filles, et Jean-Paul Comart et Tchéky Karyo pour La Balance de Bob Swaim, et Dominique Pinon pour Le Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne, chez les garçons. Les quatre nommés passèrent à cinq en 1990, année qui récompensa Vanessa Paradis pour Noce blanche de Jean-Claude Brisseau et Yvan Attal pour Un monde sans pitié d’Eric Rochant.

De nouveaux visages ont éclos ces dernières années : Adèle Exarchopoulos, Ariane Labed, Marine Vacth, Naidra Ayadi, Lou de Laâge, Alice Isaaz, Joséphine Japy, Swann Arlaud, Finnegan Oldfield, Kevin Azaïs, Karim Leklou, Pierre Deladonchamps, Paul Hamy, Niels Schneider ou Kacey Mottet-Klein. Certains ont brillé en 2016 et sont donc en lice pour les prochains César.

En voici dix autres. Cinq filles et cinq garçons dont la singularité habite l’écran depuis quelques films, mais qui ne font pas partie de la liste des révélations officielles 2017, et n’ont encore reçu aucune nomination de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma. Dix visages à part donc, comme ce magazine, comme l’esprit qui souffle dans ces pages.

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SOLÈNE RIGOT


 

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La Confession / de Nicolas Boukhrief

Joueuse, bosseuse, Solène Rigot a déjà en poche près de quinze longs-métrages, près de dix courts et deux fictions télé. Un parcours à l’image de sa formation multicartes, avec piano,
accordéon et arts du cirque. Musicienne au sein du groupe Mr Crock, elle a trouvé sa place, ado, dans La Permission de minuit de Delphine Gleize et 17 filles de Delphine et Muriel Coulin, en amoureuse du jeune héros du premier, et en mère précoce dans la bande féminine du second. Elle porte le costume pour Renoir de Gilles Bourdos, et charme en fille de Karin Viard dans Lulu femme nue de Solveig Anspach. Son énergie juvénile, alliance de féminité assumée et de garçon manqué, illumine la série sur fond de pornographie Xanadu, comme l’éveil à la sexualité de Puppylove de Delphine Lehericey, et trouble les hommes en manque d’amour de Tonnerre de Guillaume Brac et de Saint Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine. Avec Paul Bartel, elle incarne fort Les Révoltés de Simon Leclère. Un air de famille avec Adèle Exarchopoulos, qu’Arnaud des Pallières a la bonne idée de réunir au générique d’Orpheline, en salle en mars, avec aussi l’autre Adèle, Haenel.


RABAH NAÏT OUFELLA


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Un mauvais père / de Tigrane Avédikian

Titi rappeur du 20ème arrondissement de Paris, Rabah Naït Oufella a quatorze ans quand Laurent Cantet l’embarque dans sa classe énergique de quatrième d’Entre les murs, Palme d’or à Cannes. Suit un second rôle dans Au voleur de Sarah Leonor et des courts-métrages. Il revient grandi en lascar charmeur de Bande de filles de Céline Sciamma, et surtout en amoureux bienveillant de l’héroïne de Papa Was Not a Rolling Stone de Sylvie Ohayon. Serveur dans Des Apaches de Nassim Amaouche, il rejoint l’adrénaline et les ombres de Braqueurs de Julien Leclercq et Tout, tout de suite de Richard Berry, et les amis du 93 du héros grimpeur de L’Ascension de Ludovic Bernard avec Ahmed Sylla. Mais surtout, il habite deux aventures fortes et dérangeantes. Il est Omar, le vigile sans états d’âme du grand magasin où se retirent les oiseaux de mort de Nocturama de Bertrand Bonello. Et il devient avec une intensité tout intérieure Adrien, l’étudiant vétérinaire de Grave de Julia Ducournau, qui aime les garçons, mais aussi sa cothurne, Justine, jusqu’à l’extrême.


CORALIE RUSSIER


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Marie Salope / de Jordi Perino

Un visage. Étrange. Magnétisant. Une présence. Brute. Insolente. Coralie Russier règne sur le monde du court-métrage du moment avec sa chevelure blonde, ensoleillée ou peroxydée. Quelque part entre Béatrice Dalle et Lena Dunham de la série télévisée Girls. Partout où elle passe, elle dynamite l’action, embrase l’écran par une douce agressivité. Ses personnages mènent ou font bouger le récit. Comme dans Bison 6 de Pauline Laplace, où elle débarque dans une cité de Nanterre et traîne en cherchant un ami, pour finalement faire d’autres connaissances. Comme dans La Révolution n’est pas un dîner de gala de Youri Tchao-Débats, où elle fait du stop jusqu’à Paris avec Karim, avec qui un amour possible naît, puis retrouve sa mère, qui la rêve toujours en princesse dans sa tour du 13ème arrondissement. Comme dans Marie Salope de Jordi Perino, où elle échappe à la surveillance de Maman dans leur ville balnéaire, et crée l’impensable en rencontrant un garçon et son grand-père. Le long-métrage l’attend. À vos castings, Messieurs dames !


CONSTANCE ROUSSEAU


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Le Secret de la chambre noire / de Kiyoshi Kurosawa

Dix ans de carrière déjà. Un premier rôle, adolescente, en tête de Tout est pardonné, premier long-métrage de Mia Hansen-Løve sorti en 2007, où sa détermination gracile, en quête d’un père inconnu, gagnait l’écran. Suivent des courts-métrages et des rôles à la télévision chez Christian de Chalonge et Josée Dayan. Elle marque à nouveau les esprits en fille en vacances balnéaires avec sa jeune mère dans le moyen-métrage Un monde sans femmes de Guillaume Brac avec Vincent Macaigne et Laure Calamy. Elle passe par la production américaine indépendante à Paris Simon Killer d’Antonio Campos avec Brady Corbet. Puis elle incarne la studieuse et volontaire étudiante Clotilde dans L’Année prochaine de Vania Leturcq, face à la tempétueuse Jenna Thiam, et la fille dévouée d’un photographe obsédé par la mort de sa femme dans Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa face à Olivier Gourmet et Tahar Rahim, à l’affiche ce mois de février. Avec toujours ce tremblement des yeux qui habite son regard. Entre fébrilité et intensité secrète.


JISCA KALVANDA


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3 X Manon / de Jean-Xavier de Lestrade

Peu de rôles encore, mais une sacrée présence que celle de Jisca Kalvanda. En deux ans, elle a brillé en tête de Max & Lenny de Fred Nicolas, premier long-métrage où elle rayonne dans la peau de Max, jeune Congolaise sans-papiers à Marseille, battante et chargée de ses petits frères et de sa grand-mère invalide. L’écoute et la bienveillance, face à une jeune rappeuse séparée de sa fillette. Prix d’interprétation à Saint-Jean-de-Luz à la clé. Dans la mini-série 3 x Manon de Jean-Xavier Lestrade, elle est au même moment Bintou, pensionnaire grande gueule du centre fermé où est placée l’héroïne ado. Incandescente dans tous les plans qu’elle habite. Elle rejoint aussi la saison 5 de la série policière Engrenages. Houda Benyamina en fait ensuite Rebecca, la dealeuse à poigne de la cité francilienne de son premier film Divines, qui propulse ses jeunes actrices avec sa Caméra d’Or cannoise 2016. À venir, un petit rôle de mère qui accouche dans La Sage-femme de Martin Provost, et La Niaque de Chad Chenouga et Christine Paillard.


AMIR EL KACEM


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Brahim / de Julien Hérisson

Après une formation d’acteur au Cours Florent et au Conservatoire National de Paris entre 2009 et 2014, le Bordelais Amir El Kacem s’est installé à l’écran. Il existe en second rôle face à Ariane Ascaride dans Une histoire de fou de Robert Guédiguian, au début de la course folle du Convoi de Frédéric Schoendoerffer, dans Éperdument de Pierre Godeau et dans L’Ascension de Ludovic Bernard. Mais c’est dans le court-métrage et à la télévision qu’il a pour l’instant trouvé ses plus beaux rôles. Dans Brahim de Julien Hérisson, il incarne le héros éponyme pendant trente-sept minutes. Un suspense existentiel qu’il tient avec détermination et agilité, en livreur de pizzas en pleine réinsertion, et en plein dilemme financier pour payer la cantine de sa petite sœur. Dans le téléfilm La Fin de la nuit d’après Mauriac, Lucas Belvaux lui fait jouer l’amoureux étudiant de la fille, jouée par Louise Bourgoin, et qui craque soudain pour la mère, campée par Nicole Garcia, alias Thérèse Desqueyroux, mise au ban de sa famille bourgeoise.


BASTIEN BOUILLON


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Le Beau Monde / de Julie Lopes Curval

Une filmo déjà à rallonge pour cet enfant de la balle, par son père metteur en scène de théâtre Gilles Bouillon. Amoureux cocasse qui joue à l’aveugle, par désir pour Mélanie Bernier, dans la récente Prunelle de mes yeux d’Axelle Ropert, ami aveugle de Jérémie Elkaïm dans Indésirables de Philippe Barassat, il devient carrément invisible aux yeux de ses proches, dans le brillant court-métrage Guillaume à la dérive de son collègue Sylvain Dieuaide, dans lequel plus personne ne le considère le jour de son anniversaire et de son licenciement. Son jeu mêlant la surprise interloquée et la nonchalance relève de l’équilibrisme émotionnel. Il s’était déjà fait remarquer en bon pote de Vincent Macaigne dans 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, en amoureux photographe d’Ana Girardot dans Le Beau monde de Julie Lopes Curval, et chez Valérie Donzelli, qui lui est restée fidèle, de La Guerre est déclarée à Marguerite et Julien. Il n’a pas peur d’être malaimable, dans Peur de rien de Danielle Arbid ou dans le court La Tortue de Thomas Blumenthal et Roman Dopouridis.


JULES RITMANIC


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Vie sauvage / de Cédric Kahn

Un petit gars à l’air mutin, qui a imposé sa marque préado dans Les Mains en l’air de Romain Goupil, en héros junior qui vit son premier amour avec une gamine sans-papiers. Grandi, il est le fils ado soudé avec son frère campé par Romain Depret dans Vie sauvage de Cédric Kahn, face à Papa/Mathieu Kassovitz. Nourri d’émotion de la séparation d’avec la mère, et d’une vie à la rude. Le court-métrage Papa Oom Mow Mow de Sébastien de Fonseca lui offre une partition en or, celle d’un lycéen à Rouen en 1986, Franck, qui balade sa crête et son look rock’n’roll en pleine jeunesse amoureuse et pluvieuse. Les trublions frères Larrieu ont la bonne idée d’en faire un réveil à la sensualité pour la quadra en plein bouleversement de 21 nuits avec Pattie, où ses allers et venues motorisés titillent Caroline alias Isabelle Carré, en manque de libido. Ouvert aux propositions diverses, il croise Samuel Le Bihan dans la série télé Alex Hugo, joue le fils de Vincent Moscato dans la chronique chorale On voulait tout casser de Philippe Guillard, et l’un des loustics débarqués dans Camping 3 de Fabien Onteniente.


DAMIEN CHAPELLE


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Marie et les naufragés / de Sébastien Betbeder

Damien Chapelle arrive tard au cinéma, dans son parcours de comédien, danseur, chanteur, et metteur en scène. Belge né à Liège, monté sur scène à l’âge de dix ans, formé à la Maîtrise de l’Opéra Royal de Wallonie et à l’INSAS, il a couru les planches, de Belgique en France, du Théâtre de la Ville aux Bouffes du Nord. Il visite un univers intense pendant ses quatre ans auprès du compatriote chorégraphe contemporain Wim Vandekeybus, et joue de son corps comme d’un instrument aux mille possibilités pour exprimer, raconter, incarner. C’est ce performeur que Christophe Honoré vient chercher quand il lui fait camper le dieu Bacchus de Métamorphoses, à la silhouette sèche et à l’ardeur tendue, et que Céline Sciamma filme en dragueur à donf’ dans Bande de filles. Il est l’amoureux parisien de la jeune Libanaise au cœur de Peur de rien de Danielle Arbid, l’ami somnambule de Pierre Rochefort dans la virée Marie et les naufragés de Sébastien Betbeder, le laborantin du Secret des banquises de Marie Madinier, et l’amant de Natalie Portman dans Planetarium de Rebecca Zlotowski. Tout terrain.


JENNA THIAM


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L’Année prochaine / de Vania Leturcq

Enfant de la balle, mannequin ado, Jenna Thiam balade sa longue chevelure rousse depuis quelques années, de courts-métrages en productions cathodiques. Elle marque à l’automne 2012 en Léna, jeune fille aux stigmates de sa jumelle défunte dans la série Les Revenants de Fabrice Gobert. Le cinéma la rattrape et elle enchaîne les tournages, en fille hivernale et rebelle de Johnny Hallyday chez Claude Lelouch (Salaud, on t’aime), en jeune compagne de Mathieu Kassovitz dans Vie sauvage de Cédric Kahn, en amour et muse d’Anton Tchekhov 1890 de René Féret. Sa beauté insolente et sa vitalité marquent deux compositions. Dans L’Année prochaine de Vania Leturcq, elle est Aude, entraînée à Paris par son amie campée par Constance Rousseau, mais finalement réfractaire au chemin d’étudiante et de fusion studieuse. Dans L’Indomptée de Caroline Deruas, qui sort ce mois-ci, elle est Axèle, photographe pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, qui voit le fantôme de la première résidente des lieux. La série britannique The Collection vient d’en faire une perle de maison de confection au sortir de la Seconde Guerre mondiale.