Les Bonnes Étoiles d’Hirokazu Kore-Eda

Famille à louer

Après Une affaire de famille, Palme d’or au Festival de Cannes 2018, Kore-Eda retrouve son thème de prédilection, les liens de hasard, et tisse un film imparfait, mais plein de grâce.

 

Il y a des bébés, abandonnés dans une sorte de boîte prévue à cet effet. Il y a deux marlous sympathiques, qui décident de trouver une famille à l’un d’entre eux. Il y a la mère de celui-ci, qui revient sur sa décision. Un petit garçon passager clandestin du van qui transporte tout ce petit monde. Et puis deux fliquettes, qui les suivent en quête d’un flagrant délit…

Il y a aussi de vrais méchants, qui viennent un peu tout perturber. Y compris le scénario, qui manque de simplicité pour raconter une histoire simple : celle d’une famille de bric et de broc, reliée par le hasard et la profonde bonté. 

Les Bonnes Étoiles, quatorzième long-métrage de fiction du Japonais Hirokazu Kore-Eda, ne retrouve pas la limpidité bouleversante d’Une affaire de famille, Palme d’or 2018 à Cannes. Il multiplie les intrigues et les personnages au risque de se perdre, mais le regard du réalisateur sur ses personnages reste sublime d’humanité et de générosité.

Tournant en Corée, après un passage en France pour La Vérité (2019), Kore-Eda bénéficie ici de la présence à la fois massive et poétique de Song Kang-ho (Parasite de Bong Joon Ho) et d’actrices au tempo merveilleux : Bae Doona, Ji-Eun Lee et Joo-Young Lee. Il n’est jamais aussi brillant que lorsqu’il agrège des solitudes – laissés-pour-compte, marginaux, petits voyous sans envergure, enfant oublié – mais, par sa mise en scène simple et généreuse, leur redonne – ainsi qu’à nous, spectateurs – le goût du partage et de l’entraide.