Lucie (Justine Lacroix), 15 ans, nous raconte son histoire — avec quelques entorses au réel. Il faut dire que son quotidien est compliqué : elle vit seule avec son père William (Benoît Poelvoorde), atteint d’une maladie dégénérative ; c’est elle qui gère ses médicaments, les factures, le ménage. Elle a aussi un petit boulot en dehors du collège. Et puis, un gros coup de cœur secret pour le bel Étienne (Joseph Rozé), qui est dans sa classe. Au milieu de tout ça, une CPE bien intentionnée lui annonce la visite prochaine d’une assistante sociale à son domicile. Catastrophe !
Aux détours de l’interview minutée, le réalisateur Olivier Babinet et sa comédienne principale, Justine Lacroix, parlent des émois amoureux et du rouge aux joues qu’il a fallu sauver à l’étalonnage : une passerelle vers un des précédents longs-métrages d’Olivier Babinet, Swagger, où il filmait déjà de très jeunes adolescents, et qui entretien de nombreux rapports avec la pièce dont Normale est adapté, Le Monstre du couloir de David Greig. On évoque également la réalité des jeunes aidants, la collaboration durable avec le musicien Jean-Benoît Dunckel, quelques inspirations, qui ne sont pas forcément celles qu’on croyait…
Le système minuté
Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.