L'interview minutée de Mathieu Sapin

Le poulain

« Il y a un spectateur sur deux qui va prêter attention à ci ou ça, mais en effet il y a plein de petites choses. Et aussi un travail sur le son. Avec Olivier Dô Hùu, le mixeur son, on a installé plein d’ambiances sonores. Il y a beaucoup, par exemple, d’animaux dans le film, qu’on ne voit pas mais qui sont suggérés. Soit dans les dialogues -il y a poussin, il y a poulain, il y a requin, je crois qu’il y a chien ; enfin plein d’animaux dont on parle. Mais il y a aussi les animaux qu’on entend. Des bruits d’oiseaux, de mouettes, des chiens qui aboient, un coq, etc. Et je voulais ça parce que je voulais renforcer le côté pulsionnel et animal de ces personnages politiques. »

 

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.