L'interview minutée d'Hélier Cisterne

De nos frères blessés

Hélène et Fernand Iveton se sont rencontrés au milieu des années 50 en métropole, ils sont tombés amoureux, se sont épousés et il lui a fait découvrir son Algérie. Ouvrier,  communiste, Fernand militait pour une égalité de traitement avec les Algériens ; mais la tendance politique allait alors violemment à l’opposé. 

Vicky Krieps et Vincent Lacoste donnent corps à ces personnages oblitérés par l’Histoire et dont Hélier Cisterne a voulu faire entendre les voix dans De nos frères blessés. Un film où l’on avance davantage dans le récit des horreurs par le son que par l’image, comme s’en explique Hélier Cisterne dans l’interview minutée : que peut-on donner à voir de ce qu’on n’a pas vécu ?

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.