Festival Augenblick 2018 : trois interviews minutées

(Du 6 au 23 novembre dans les salles du réseau Alsace cinémas)

Augenblick, le festival du cinéma en langue allemande, en est à sa 14e édition, avec une offre toujours aussi riche : six films en compétition, une sélection jeunesse, une rétrospective G.W. Pabst (à laquelle l’affiche 2018 fait un joli salut), un hommage –en sa présence- au réalisateur Andreas Dresen, un focus sur les films documentaires autrichiens, sans oublier la reprise des films de l’année écoulée… Pour le programme complet, c’est ICI !

Pour ma part, comme les années précédentes, je me suis concentrée sur trois invités, à écouter ci-dessous.

 

>> Précision : les entretiens sont en allemands. La traduction arrive après que l’interviewé ait dit tout ce qu’il avait à dire, parfois cela prend un peu de temps… Mais 1/ ceux qui comprennent la langue d’origine en profitent en direct et 2/ceux pour qui c’est du chinois peuvent se laisser porter par la musique et surprendre par la réponse quand elle arrive. Un grand merci à Milène Ehrhart, impeccable interprète.

 

Gundermann : l’interview minutée de Andreas Dresen

«On a beaucoup parlé de la Stasi alors que le personnage a énormément de facettes et a beaucoup plus à offrir que juste la question de sa culpabilité et comment il la traite. Il y a notamment une histoire d’amour que je trouve magnifique dans ce film. Qu’on a découvert nous-même au moment de faire les recherches pour le film et qui nous a vraiment surpris, touché et qu’on a trouvé magnifique. Et il y a évidemment sa musique, ses textes, qui sont absolument fantastiques. C’est quelqu’un qui avait une authenticité incroyable quand il était sur scène. Et ça, ça venait sans doute du fait qu’il continuait à travailler. On pouvait dire que quand il chantait il avait les pieds dans le charbon et la tête dans les nuages. D’ailleurs on le dit dans le film : dans son engin, quand il travaillait sur les mines, il faisait souvent de la poésie. C’est quelque chose qui est très important, qui en dit long sur lui. Et vraiment, cette musique, ces chansons ont leur importance parce que sans elles il n’y aurait pas eu le film. Je ne l’aurais pas fait. Et puis peut-être encore une couleur supplémentaire à sa culpabilité : c’est sa révolte, tout simplement. Parce qu’il faut se rendre compte que pour lui, c’était extrêmement dur dans la RDA, de même que ça l’était pour toutes les personnes qui étaient réellement de gauche, qui souhaitaient un vrai socialisme –pas le mensonge que c’était à l’époque- et c’est sa rébellion qui lui a valu d’être viré du Parti. Voilà, tout ça ce sont des aspects de sa personnalité qui sont vraiment très importants. »

Vakuum : l’interview minutée de Christine Repond

« Cette maison on l’a cherchée très longtemps parce qu’on voulait que ce soit comme un personnage à part entière dans le film. Ca devait être la maison que lui, en tant qu’architecte, avait construit pour la famille. Donc elle devait, cette maison, raconter une histoire. Au début être solide, comme l’était le couple, et ensuite on a un basculement dans la manière dont elle est filmée… Au début elle correspond à quelque chose de lumineux, de chaleureux, mais au moment où Meredith sombre, tout d’un coup elle est filmée comme un bunker, extrêmement froid. En fait cette maison reflète l’état d’esprit intérieur du personnage. »

Welcolm to Sodom : l’interview minutée de Christian Krönes

« On estime que c’est notre devoir, en tant que réalisateurs, de confronter le public avec des réalités qui dérangent. Et pour finir, simplement, dire que la personne qui a besoin d’un nouveau téléphone tous les six mois, elle doit voir ce qu’implique son comportement de consommation. »

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.