L'interview minutée de Mikhaël Hers

Amanda

« C’est un portrait de Paris, mais qui parle aussi de son époque. De la perte de repères, de la fragilité, de l’électricité de l’époque. La précarité de tous ces petits boulots fait partie de cette violence. Il n’y a pas que cette violence-là, il y a évidemment la violence des attentats dans le film, qui est le point paroxystique de ce tableau d’ensemble. Mais ça fait partie aussi de la violence de l’époque, ça parle aussi de Airbnb et le fait que même ce qui est le socle de l’intimité –son intérieur, son chez soi-, maintenant ça peut être monnayé. Tout ça ce sont des touches que je voulais mettre en place pour parler de l’époque. »

 

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion.

L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça.

Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel.

On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD.

Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’ai aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.