Quartet

Il a 75 ans. Dustin Hoffman est vieux. Tellement joyeux. Il n’y a qu’à voir son œil alerte, derrière la caméra pour la première fois : il frise, farceur, rieur. Le premier film de l’Américain adapte la pièce de théâtre de Ronald Harwood : elle file à toute vitesse, avec une allégresse de jeunesse. La comédie est véloce et effrontée. Elle s’amuse, humour printanier, très british, élégant et charmant.

Quartet efface les rides sur des visages aux cheveux d’argent, réunis à l’heure du dernier salut dans une maison de retraite pour musiciens et chanteurs lyriques. Ces artistes d’âge vermeil sont pure merveille : ils chantent, ils jouent, ils composent, ils se disputent, ils s’éreintent, ils perdent la tête. Ils pourraient être inertes, déjà presque froids. La mort dort derrière leur porte, sous le bras l’existence déjà passée. Elle attendra : leur présence définitive fait la nique, insolente, au destin funeste. Car c’est rire encore que de vivre, à gorges déployées pour chanter Rigoletto comme autrefois et comme toujours, pour l’éternité du temps qu’il reste. Longtemps après, le grand air virevolte dans nos têtes, frivole et important.