Soul

Soul, le dernier Disney-Pixar sorti le 25 décembre sur la plate-forme Disney +, du fait de la fermeture des salles, divise notre bande… 

Synopsis : Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York. Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Grand Avant » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, leur caractère et leur spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22, une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. En essayant désespérément de montrer à 22 à quel point l’existence est formidable, Joe pourrait bien découvrir les réponses aux questions les plus importantes sur le sens de la vie.

 

Les avis de la bande :

 

Faut-il avoir une mission à accomplir pour profiter de l’existence ? Et faut-il une raison de vivre pour aimer le dernier Pixar ? Partant de l’idée (pas neuve, mais toujours aussi miraculeuse) que la vie est improvisation de chaque instant, la bande Pixar a souvent le don de poser les bonnes questions, tout en nous trimballant joyeusement de surprise en surprise. 

Soul ne déroge pas à la règle, avec un retour à la source même du Moi. Les scénaristes ont, sans doute possible, découvert la méditation transcendantale. Il est même envisageable qu’ils aient vu la lumière au bout de l’Ayahuesca. Après tout, il est question ici de réincarnation, de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, et d’Amour universel. De comprendre que nous sommes tous reliés les uns aux autres, certes, mais que, surtout, la beauté est dans l’œil de ceux et celles qui regardent. Tout un programme, surtout par les temps qui courent. Pour donner l’impulsion et nourrir la conversation, Soul nous parle de jazz, forcément, puisque le jazz a de l’âme, puisque le jazz est l’âme de la musique. Celui du compositeur Jon Baptiste, prodige musical que les fans de Steven Colbert connaissent bien, est capable de tout, et surtout de nous faire vibrer. Entre deux envolées de piano, Trent Reznor et Atticus Ross savent comme personne nous faire ressentir. Quoi ? Des choses. Du sentiment, voilà donc ce que Soul nous offre, tout en évitant plutôt bien (mais pas totalement, avouons-le) de verser dans le sentimentalisme. Oui, c’est vrai, on sent que Disney ne peut pas s’empêcher de mettre trop de sucre dans son Pixar. Mais, et c’est vrai aussi, Pixar répond à une vocation, une seule : faire des films grand public sur notre rapport à la vie, la nôtre et celles des autres, débordant de richesse, de profondeur et de joie. Du baume au cœur, ma p’tite dame, du baume au cœur sans vague à l’âme, de l’amour pur et de la lumière, voilà ce qui nous est proposé pour finir 2020. Je désire, donc je suis ? Peut-être la seule leçon à tirer de Soul, et de l’année, pendant qu’on y est. Karma karma karmaaaaaa. 

 

Mary Noelle Dana

 

 

Soul. Copyright Walt Disney Germany

Audacieux visuellement, le nouveau Pixar est aussi malheureusement hésitant et convenu sur le fond. Il reprend des thématiques déjà traitées auparavant par le studio, en moins bien. Pire, il abandonne en chemin des axes narratifs intéressants et nous déçoit après un premier quart d’heure prometteur. Le film est comme le brouillon de Coco, chef-d’œuvre d’émotion sur l’amour de la musique et sur l’au-delà, ou de Vice Versa, introspection intime qui faisait déjà communiquer deux mondes, le conscient et l’inconscient. Nous sommes donc ici dans un territoire familier, mais avec le sentiment de l’inachevé. Le film ne fait rien de son sujet musical, l’ambition du personnage de devenir pianiste de jazz n’est pas exploitée (une seule scène de concert inaugurale sur tout le métrage). Concernant le rapport à la mort, les divers rebondissements de l’intrigue ne permettent pas une empathie suffisante pour le personnage afin d’être affecté de son sort. Aucune émotion ressentie. On se désintéresse des enjeux esquissés et vite abandonnés, et on se demande où est passé le génie de Pixar face à ce gênant buddy movie sur une inversion des corps pas vraiment incarnée. Faute d’un intérêt pour le fond, nous nous attachons alors au dessin, lequel s’avère astucieux, ludique, élaborant par exemple des personnages à partir de simples traits, mais ces concepts visuels s’accumulent sans cohérence. Il manque ainsi au film une unité, une dynamique d’ensemble approfondissant son pitch engageant, et il manque surtout, et c’est un comble, une âme.

 

Benoit Basirico

 

 

Soul. Copyright Walt Disney Germany

Soul débute son récit sous une lumière chatoyante, dans un New York digne de Spike Lee et Woody Allen, puis propulse brutalement son sympathique personnage de jazzman dans un au-delà éthéré aux accents dadaïstes. Quelle audace pour un film Disney supposé familial et diffusé le jour de Noël ! Rarement un Pixar aura-t-il été aussi conceptuel. Le résultat ? Une odyssée métaphysique d’une grande douceur, où des sujets existentiels sont abordés, comme la fugacité de notre passage sur terre, la survie de l’âme, la prédestination, et surtout, la nécessité de faire émerger ses talents et de faire vibrer ses passions. Si l’on rit par moments (lors du défilé de “grandes âmes” comme Mère Teresa et Copernic, par exemple), nous sommes surtout bercés par une mélancolie sourde. Le jeune public sera-t-il sensible à ce récit multidimensionnel ? Pas certain… Mais accompagné des plus grands, de riches et nécessaires conversations peuvent en émerger. 

 

Anne-Claire Cieutat