Nos futurs

Riche de nuances justes et touchantes

Retrouver un ami d’enfance que l’on n’a pas vu depuis des lustres, le retrouver inchangé. « T’as complètement buggé ! Condamné à vivre éternellement ton adolescence ! » constate Yann, qui, lui, a quitté les jeans pour des costumes stricts, l’insouciance pour un boulot sérieux, et la joie de vivre pour une sorte de mélancolie chronique. Immédiatement, Thomas, l’éternel glandeur, a une « idée de ouf » : organiser avec les potes d’avant une fête comme celle de leurs dix-huit ans. Commence alors un périple qui les mène vers le DJ de la bande, la plus belle fille du lycée, le beau gosse et tous ces gens qui ont fait leur passé et vivent désormais un autre présent. Comme dans Le Premier Jour du reste de ta vie, Rémi Bezançon, épaulé de ses deux coscénaristes, signe un récit où joie et tristesse se mêlent intimement. La mise en scène restitue avec entrain le bonheur des retrouvailles, en n’omettant pas ces nuages noirs qui planent sur une époque bénie, mais révolue. Que sont mes amis devenus ? Avec cette question qui trotte dans toutes les têtes, qui nourrit des poèmes et même des émissions de télé-réalité, le cinéaste signe une comédie grave, à tiroirs et double fond. Imparfaite mais riche de nuances justes et touchantes. Un voyage dans le temps qui permet de se voir tel qu’on était et tel qu’on est devenu. En tête d’un casting impeccable, le duo Pierre Rochefort et Pio Marmaï fonctionne magnifiquement, la petite musique poétique du premier se mesurant aux battements de tambour et tonitruances du second, en une harmonie délicate et réjouissante.