À trois on y va

Vertiges de l'amour

A trois on y va est à retrouver sur CINE+ A LA DEMANDE.

Avec audace et délicatesse, Jérôme Bonnell persiste et signe. Son sixième long-métrage est un manifeste pour l’amour. L’amour qui unit. L’amour des corps. L’amour des mots. L’amour des acteurs. L’amour du cinéma. À trois on y va ou comment être subversif sans être agressif. Tout un art !

Filmer un solo ? Jérôme Bonnell l’a brillamment élaboré avec la quête de Nathalie Boutefeu dans Les Yeux clairs. Un duo ? Il l’a complexifié avec le lien frère-sœur de La Dame de trèfle, et il l’a magnifié dans la rencontre amoureuse du Temps de l’aventure avec Emmanuelle Devos et Gabriel Byrne. Un groupe ? Il l’a savamment tricoté avec les tremblements existentiels des destins du Chignon d’Olga et de J’attends quelqu’un. Et un trio ? Cette figure aux angles coupants, qui enrichit la dualité, mais d’où l’un ou l’une se retrouve parfois exclu(e) ? Elle est au cœur de ce nouveau jalon dans son parcours riche de quatre courts et six longs-métrages. Le titre, déjà. Une invitation. Une déclaration. Une affirmation. Mélodie, Charlotte et Micha sont liés dans l’action. La première est une amie proche de la seconde, qui est en couple avec le troisième. Sans oublier que… les deux premières sont aussi amoureuses l’une de l’autre.

Et que le troisième, un peu délaissé, apprécie la première… qui l’apprécie aussi. Lourdaud ? Glauque ? Tiré par les cheveux ? Non. Engagé. Bien vu. Périlleux. Le sentiment et le désir envoient parfois balader les codes établis. S’y laisser aller ou pas. Là est la question pour les personnages. Pour le spectateur, c’est tout vu. On y va ! Car Bonnell ne se pose jamais en moraliste. Encore moins en moralisateur. Il filme des êtres, jeunes, énergiques, perdus parfois, qui suivent les élans de leur cœur. Qui disent « on s’en fout d’être adulte », mais qui le deviennent, par leurs actes, leur hardiesse et leur bienveillance. Il tisse dans une même toile la comédie de situations et le marivaudage mélancolique. Il ose une avocate tiraillée dans un double jeu amoureux. Les silhouettes rentrent par la porte et sortent par la fenêtre. Les corps s’étreignent et se cognent. Les dialogues sont ciselés, précis, et quotidiens à la fois, au service de la vérité de chaque scène, même quand Mélodie, Charlotte et Micha mentent.

La croyance dans l’envie prime. Et les visages. La malice, l’hésitation, l’enthousiasme, la fatigue, la complicité, l’abandon. Tout y est. Anaïs Demoustier grandit à l’écran et offre sa subtilité à celle qui bouleverse un couple, sur une autre note que celle qu’elle jouera prochainement dans Caprice d’Emmanuel Mouret. Félix Moati ose avec générosité le trouble de la masculinité face à deux femmes qui le font bouger. Et Sophie Verbeeck, révélation du film, rivalise de magnétisme et d’opacité, d’enfance et de maturité. Jérôme Bonnell les associe pour le meilleur, et la petite musique d’À trois on y va trotte dans la tête bien plus loin qu’il n’y paraît…

BANDE A PART, partenaire de À trois on y va.

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