Cloud Atlas

Brillants faiseurs d’images, les Wachowski affichent des ambitions philosophiques à la hauteur de leurs capacités techniques. Cloud Atlas se devait donc d’aborder toutes, absolument toutes les grandes questions existentielles. Ainsi, l’idée d’une connexion universelle entre les êtres à travers le temps trouve-t-elle son illustration dans la construction même du film en six récits distincts, et pourtant imbriqués. Or leur unité se révèle bien vite factice. Elle repose sur quelques dialogues communs à certains segments, une tache de naissance récurrente, et sur un montage judicieux. Dans le même exercice, Abattoir 5 de George Roy Hill, était à la fois plus ennuyeux et plus pertinent. Quant à l’inévitable charge contre la société de consommation, elle doit à peu près tout à Soleil vert, comme le révèle non sans humour le personnage de l’éditeur Cavendish, l’un des plus réussis du film. Reste l’idée des acteurs à rôles multiples, parfois lourdement travestis, que le spectateur s’amusera à reconnaître. John Huston l’avait déjà expérimentée avec Kirk Douglas dans Le Dernier de la liste. Mais ce n’était pas son meilleur film.

Par Sylvain Mazars