Offscreen 2016

Un maître du cinéma d’exploitation et des cinglées

‘Pré-scriptum’ – Ce compte-rendu a été rédigé avant les attentats qui ont endeuillé Bruxelles mardi ; amis Belges, nous vous présentons nos tristes condoléances… Et nous reviendrons sans hésiter partager des moments cinéphiles avec vous !

Youpi, retrouvailles avec le cinéma Nova de Bruxelles ! Je n’avais plus eu l’occasion d’y retourner depuis que la section 7e Parallèle du BIFFF (voir BANDE A PART #25) qui y était traditionnellement montrée a cessé d’y être projetée. Une scission sur laquelle je ne me suis jamais penchée en détail, les dessous des ruptures me mettant mal à l’aise… Mais dans ce cas particulier, c’est au final un bien pour un mal, car maintenant (enfin, depuis quelques années déjà) le Nova accueille son propre festival, Offscreen, co-organisé par l’association Marcel.

Et la beauté de la chose, c’est que les deux événements, proches dans le temps (mars pour Offscreen ; mars/avril pour le BIFFF) et les contrées cinématographiques explorées, offrent des plaisirs bien distincts à l’amateur curieux de Fantastique/Bis/Etrange/Gore&Cie !

Étant toujours un peu longue à la détente, il m’a fallu neuf éditions d’Offscreen avant d’enfin m’y aventurer –avec le regret éternel de n’avoir pas fait tilt à temps l’année où le grand John Waters était invité… Comme pour les Utopiales (voir BàP #30), ce sont des amis de bon goût, les mêmes d’ailleurs, qui m’ont aidé à sauter le pas. Eux, et puis la présence de Frank Henenlotter, auteur des cultes Basket Case, Brain Damage (délicieusement retitré Elmer, le remu-méninges en France) ou encore Frankenhooker.

Omniprésent, le réalisateur était là pour accompagner son documentaire, That’s sexploitation ! -projeté la veille de mon arrivée, zut. Il était aussi là pour évoquer l’influence de la 42e Rue (à NY) lors d’une table ronde. Il était là pour une mini-rétrospective de son oeuvre, ce qui m’a permis de revoir avec plaisir Basket Case en version remastérisée -une rénovation à suspense qui nous a été contée à l’issue de la projection. Et puis il était là pour l’avant-première de son nouveau long métrage, le non horrifique mais diablement sympathique Chasing Banksy, avec Anthony Sneed… dans le rôle d’Anthony Sneed ? Dans la vraie vie, Anthony Sneed a ‘volé’ une œuvre du très coté Street-artiste Banksy : le film restitue avec 90% de réalité cette rocambolesque aventure. Enfin, Frank Henelotter ETAIT LA, tout simplement. Accessible, drôle, passionné. Et au passage, à force de le voir trainer avec Pete Tombs qui exhume depuis des années des trésors filmiques pour alimenter le label dvd Mondo Macabro, on s’est souvenu du rôle similaire qu’exerce toujours l’excellent Frank au sein de Something Weird Video –tout ça ne parlera peut-être pas aux moins de 20 ans, mais la génération VHS elle, s’incline.

Le festival Offscreen voue un culte fédérateur au cinéma des marges, mais il puise aussi à l’occasion du côté des classiques ; on en a eu un aperçu cette année avec la section « Driving Miss Crazy » principalement accueillie à la Cinematek. Au travers d’une petite trentaine de films, parmi lesquels Pas de printemps pour Marnie d’Hitchcock ou Soudain l’été dernier de Mankiewicz pour les plus connus, on a pu constater à quel point la meilleure moitié de l’humanité (comment ? je suis de parti-pris ?) peut salement vriller de temps en temps : femmes folles, furieuses, frustrées, méchantes, dangereuses… Avec quelques pépites à la clef. J’ai ainsi découvert The Mafu Cage de Karen Arthur, un film inexplicablement ‘oublié’ bien que présenté en son temps au festival de Cannes ; l’histoire de deux sœurs dont l’une (incroyable Carol Kane), manque mortellement de patience avec les singes, tous renommés ‘Mafu’, qu’on lui donne à dessiner. Malheureusement, n’étant sur place que deux jours, j’ai raté tout le reste dont Der fan d’Eckhart Schmidt, dont j’entends ça et là dire le plus grand bien. Parmi ceux que je ne connaissais pas, j’aurais aimé voir aussi Pretty Poison de Noel Black, The Baby de Ted Post ou encore Let’s scare Jessica to death de John D. Hancock.

Dans une autre section, celle consacrée au cinéma Bis belge, je regrette également beaucoup d’avoir manqué Et ma sœur ne pense qu’à ça par l’un des papas de Téléchat, Henri Xhonneux… Mais je vous rassure, la frustration ne va pas me faire péter les plombs, je me contente de noter ces titres dans un coin de ma mémoire, à l’affut d’une prochaine occasion. Car c’est l’une des qualités d’un festival réussi : nourrir tout en aiguisant l’appétit.


Post-scriptum – Une chose à savoir tout de même : à Offscreen, if you don’t understand english, vous risquez fort d’être largués. MAIS vous pourrez noyer vôtre incompréhension dans l’excellente bière belge, jusque dans la salle du Nova qui autorise les spectateurs à remonter leur verre depuis le sous-sol où est installé le plus chouette bar qui soit. Si c’est pas cool ça ?