Une place sur la terre

Le cinéma de Fabienne Godet (Sauf le respect que je vous dois, Ne me libérez pas je m’en charge et plusieurs courts et moyens métrages) fait écho à son regard : droit, curieux, perspicace, sensible. Un regard, qui, dans Une place sur la terre, s’inscrit au cœur de son sujet. Il y est ainsi question d’un photographe (Benoît Poelvoorde) fasciné par sa voisine (qu’incarne la ravissante Ariane Labed, également à l’affiche de Before Midnight). Un événement les rapprochera. Au contact l’un de l’autre, ces deux âmes en berne retrouveront un élan, un souffle, une marche à suivre. Il y a quelque chose de sublime et de mystérieux dans cette rencontre que Fabienne Godet filme au croisement du tangible et de l’intangible. Une place sur la terre est un film ancré au sol : ses comédiens y sont « physiques », d’une grande présence ; et la réalité sociale y fait irruption (un hôpital, une maison de réhabilitation pour jeunes délinquantes ou droguées). En marge de cet espace incarné, s’installe une part irradiante, pétrie de mythologies, de cultures, d’éternité. Elle est accompagnée par les photographies vibrantes de Michael Ackerman et la musique mélodieuse de François-Eudes Chanfrault. Une place sur la terre avance ainsi, en surface et en souterrain, lyrique et délicat, et nous embarque dans son élan, envoûtés, conquis.