Le Fils de Jean

Un père et passe

À 33 ans, Matthieu apprend par un coup de téléphone que son père était Canadien et vient de mourir. Sa mère ne lui en a jamais rien dit, il a été élevé par un autre homme… Cette révélation, augmentée de la nouvelle qu’il a deux frères, le pousse à monter dans un avion pour Montréal. Là, il est accueilli froidement par Pierre, le meilleur ami de Jean : car personne à part lui ne connaît l’existence de Matthieu… Cette adaptation du roman de Jean-Paul Dubois par Philippe Lioret et Nathalie Carter s’autorise quelques aménagements par rapport au texte original et reste cependant fidèle, sensible et juste. Sur le fil du rasoir, cette douce enquête sur la violence des rapports familiaux et la résonance des mensonges (par omission et autres) est portée par des acteurs au registre large et généreux : Pierre Deladonchamps confirme après L’Inconnu du lac et Une enfance son talent protéiforme et Gabriel Arcand est d’une présence massive et bourrue dont les nuances ne cessent d’étonner ; du côté des femmes, les deux actrices québécoises incarnant l’épouse et la fille de Pierre, respectivement Marie-Thérèse Fortin et Catherine de Léan, apportent chaleur et générosité en contrepoint au duo principal. Ce qui se joue ici est de l’ordre de l’intime et la mise en scène de Lioret fait passer en douceur et en délicatesse cet instantané de remue-ménage familial et émotionnel.