Mon âme par toi guérie

C’est un film jeté, crié, produit avec les moyens du bord et des acteurs extraordinaires. « L’histoire d’un type qui a un don », selon le réalisateur, doublé d’« un autoportrait ». François Dupeyron a signé Drôle d’endroit pour une rencontre, La Chambre des officiers, une douzaine de films en vingt-cinq ans. Dans Mon âme par toi guérie, adapté d’un de ses romans, il y a des hommes et des femmes. Frédi et son père. Dès la première scène où dans un mobil-home ils échangent trois mots en sirotant une bière, aucun doute possible : Grégory Gadebois est bien le fils de Jean-Pierre Darroussin ! Même nonchalance, même génie des silences, même ironie dans l’œil. Et puis il y a la voisine Josiane, avec son Nanar de mari et sa marmaille, vivante, accueillante, évidente. C’est Marie Payen, si rare et si magnifiquement juste. Alors on y croit, à leur voisinage, à cette humanité à la marge. Et encore, Nina, alcoolique et cristalline, fragile bulldozer qui ne demande rien. C’est Céline Sallette, qui est tout cela à la fois et bien d’autres choses encore. Alors Fredi va tomber pour la femme qui chancelle… Ah oui, le don c’est guérisseur, un peu voyant aussi : Fredi ne comprend pas grand chose à ce qu’il est, mais il sent, il entend ses semblables comme personne. C’est ça l’autoportrait de Dupeyron : raconter comment on saisit l’humain. Alors, il y a des scories (les rêves en noir et blanc), du trop plein (la musique), des longueurs. Et puis il y a la certitude pour nous d’avoir rencontré ces êtres. Et de les aimer. Follement.