La niña de fuego

Un récit original et vertigineux

Étrange histoire que cette « fille de feu ». Un deuxième long-métrage espagnol signé Carlos Vermut, auteur de l’inédit en France Diamond Flash. Un récit original et vertigineux, où une brune magnétique focalise les regards et aspire les passions. Barbara est fascinante, dérangeante, vacillante. Comme dans un film noir classique, elle est fatale. Vermut tisse une toile épaisse, dans laquelle la femme semble victime des désirs masculins qui veulent la maîtriser. Mais elle est la force. La résistance. Le roseau qui plie mais ne rompt pas. Et tous les hommes, faibles, dépendants, influençables, en font les frais. Jouant de la suggestion et de l’ellipse, le jeune réalisateur et illustrateur madrilène soigne son fond et sa forme. La mise en scène et les cadres sont posés et classieux. Les intérieurs étouffent et les déplacements inquiètent. Le danger guette à chaque plan. Chaque face-à-face est un enjeu fort pour les personnages. Cette mise sous tension dans un écrin stylistique provoque une sensation de malaise anesthésiant chez le spectateur. Que faut-il croire ? Ses émotions ou sa raison ? C’est ce que le mystérieux client livre à Barbara, avant sa « commande » très spéciale. Qu’on ne voit pas. Comme la boîte qu’ouvre Séverine dans Belle de jour de Buñuel. Judicieux. C’est toute la malice d’un réalisateur à suivre, qui a reçu le Grand Prix et le Prix de la mise en scène au dernier festival de San Sebastian. Et le Goya de la meilleure actrice pour l’excellente Barbara Lennie, face au formidable José Sacristan, en vieux briscard.