Dario Argento en 5 films (+1)
Accompagnée par une ressortie en copie intégrale et restaurée de son plus grand film, Les Frissons de l’angoisse, une rétrospective de cinq films de Dario Argento permet de revenir sur la jeunesse brillante de celui qui fut (avec Nanni Moretti) un des plus importants cinéastes italiens de sa génération.
Alors que Dario Argento repousse hélas les limites du mauvais goût depuis quelques films (Dracula, Giallo, Card Player…), une rétrospective en partie constituée d’œuvres de jeunesse vient à point nommé nous rappeler quelles furent la force et l’inspiration d’un des cinéastes italiens les plus marquants de sa génération. De son premier film, L’Oiseau au plumage de cristal, à Opéra, qui clôt les années 1980 du cinéaste, on redécouvre en cinq films différentes palettes d’expression de celui qui fut longtemps le maître de la peur en Italie.
L’Oiseau au plumage de cristal, donc, film séminal, qui, avec sa scène inaugurale, triturée et réexpliquée tout long du film, avec ses gros plans fétichistes et son utilisation opératique de la musique, annonce le meilleur de son cinéma. Suivi par Le Chat à neuf queues, polar bien plus classique, œuvre à énigme pas désagréable mais qui vaut surtout pour la somme des talents investis dans le film, parmi lesquels une superbe BO de Morricone et un Karl Malden savoureux en journaliste aveugle. Un des points d’orgue de cette programmation est évidemment Suspiria, film d’horreur dément, au ton unique, qu’il sera bon de voir (ou de revoir) sur grand écran, avant de découvrir le remake signé Lucas Guadagnino, dans nos salles en novembre prochain.
Deux titres, enfin, moins spectaculaires, mais qu’il sera bon de revoir pour les réévaluer : Phenomena, une œuvre inégale, baroque et souvent surprenante, avec une toute jeune Jennifer Connelly, et Opéra, giallo ponctué par quelques inventions horrifiques et cruelles, qui restent encore en mémoire aujourd’hui. Le film n’avait jusqu’alors connu qu’une distribution discrète en salles et le grand écran rendra assurément justice au travail plastique du maestro.
Mais nous avons gardé le meilleur pour la fin, puisque cette rétrospective de cinq films est accompagnée (conduite ?) par ce qui restera comme le plus grand film d’Argento : Les Frissons de l’angoisse. Sommet du thriller horrifique, à la fois poétique et angoissant, ce suspense, porté par la bande son inoubliable de Goblin, est une variation sur le Blow Up d’Antonioni, qui éclipserait presque son modèle. Présentée enfin en salles en version intégrale (le film fut à l’époque exploité dans une version tronquée d’une vingtaine de minutes) et dans une copie restaurée, cette pièce maîtresse dans la filmographie du maître transalpin est un must absolu.