Parvana, une enfance en Afghanistan

Girlfight

Il était une fois une fille qui voulait sauver son père. Une gamine qui voulait laver l’honneur de toutes les femmes de son pays. C’est le précieux cœur de ce bijou d’animation, engagé et exaltant.

Tout juste récompensée du Prix du public et du Prix du jury au Festival du Film d’animation d’Annecy, lancée en séance spéciale à Toronto en septembre dernier, nommée à l’Oscar du meilleur film d’animation en mars, cette pépite sort enfin en France. Elle est due à l’équipe créative des aventures celtes Brendan et le secret de Kells et Le Chant de la mer, signées Tomm Moore, et nées du studio irlandais Cartoon Saloon, fondé par ce dernier et Nora Twomey, ici réalisatrice. Le titre original du présent opus est The Breadwinner, alias « soutien de famille », et équivalent du français « gagne-pain ». C’est la mission que décide d’endosser Parvana, onze ans, quand son père adoré, lecteur et écrivain public, est emprisonné par les Talibans, car il a enseigné aux filles. L’action se déroule à Kaboul à la fin des années 1990, en plein règne des fondamentalistes islamistes afghans.

Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey. Copyright Le Pacte.

C’est une histoire forte. Puissante. Mise en scène avec précision par Nora Twomey donc, d’après le roman de Deborah Ellis, dont celle-ci a elle-même livré une première adaptation, puis qu’Anita Doron a scénarisée et finalisée, et qu’Angelina Jolie a aidé à mener à bien côté production. Toutes unies pour mettre en lumière le parcours d’une fillette qui repousse les limites d’un régime et d’un monde bannissant les femmes. Avec comme fil rouge la résistance, ce conte des temps modernes épate. Il ose raconter au plus grand nombre, dont au public enfant, le contexte afghan et les dangers de tout extrémisme, grâce à l’identification à une préado. Les yeux de Parvana, magnifiques amandes aux iris vert émeraude, posent un regard avide de volontarisme sur l’existence.

Le graphisme à la finesse enchanteresse, aux teintes subtiles, aux lignes simples mêlées de sublimes arabesques, transmet la magie d’un territoire au carrefour des cultures ancestrales, et se fait le dépositaire d’un éloge de la transmission. Transmission orale, familiale, sociétale, humaniste. Parvana est un chant d’amour au père et à la terre natale. Aux racines et au passé comme socle salutaire. C’est un livre d’images animées ancré dans la réalité, et ouvert sur les étoiles. Telles celles du merveilleux récit leitmotiv où le jeune Souleymane relève des défis, enchâssé dans le marathon salvateur de l’héroïne. Un double niveau métaphorique, qui transcende les souffrances pour mieux viser le dépassement. Rare de trouver dans l’animation une telle fusion optimale entre la pertinence du témoignage documentaire, la tension du suspense romanesque et l’envoûtement de la fable. La combinaison est dosée au poil, et bouleverse.