Alexandra Lamy dans Le Poulain

La construction d'un personnage

Dans Le Poulain de Mathieu Sapin (en salle le 19 septembre), elle incarne Agnès Karadzic, une directrice de la communication d’un candidat à l’élection présidentielle. Une femme de pouvoir, forte et manipulatrice, composée de pied en cap. Retour sur la construction d’un personnage.

Le travail de la voix

« Dans la comédie, il y a toujours un débit un peu rapide requis. C’est vrai que ma sœur et moi parlons très vite, comme nos parents, j’ai donc tendance à dégainer comme une mitraillette. J’avais en tête que mon personnage, Agnès, avait le désir, quand elle parle, qu’on l’écoute jusqu’au bout : elle ne laisse donc pas de temps pour qu’on la coupe. C’est une façon d’avoir le pouvoir que de ne pas laisser l’autre intervenir. Il me fallait trouver une voix autoritaire et donc un peu grave, assez proche de la mienne. »

Le maquillage

« J’avais demandé à ma maquilleuse un rouge à lèvres très rouge. J’avais en tête qu’il était important de souligner son sourire et sa parole. C’est de la séduction. Il ne fallait donc pas qu’elle ait des béquilles de langage ou de « heu » dans son élocution, puisqu’elle entend que l’autre se focalise sur sa bouche, sa parole. Ce sont des détails passionnants à travailler. »

Alexandra Lamy et Finnegan Finnegan Oldfield dans Le Poulain de Mathieu Sapin. Copyright Bac Films.

La démarche

« Elle est plutôt droite. Agnès se tient bien, elle fait attention à avoir de l’allure. Elle est féminine et joue sur sa féminité. Elle évolue dans un milieu d’hommes et joue sur sa sensualité. Il lui faut charmer. Elle a ce petit tatouage discret (c’est une idée de Mathieu), ce rouge à lèvres rouge carmin : elle est un peu sexy, même si elle peut être dure et froide. Ses talons hauts m’ont aidée à trouver sa démarche. J’ai du mal à porter des talons hauts toute la journée, donc en fonction de l’échelle du plan, je les ôtais ou non pour la prise. Mais même pour les plans où je suis assise et où je dois me lever, même si on ne voit pas mes pieds, je portais les talons, car la démarche est évidemment différente avec et sans. »

Le costume  

« C’est tellement important, un costume ! Parfois, en s’y glissant, on trouve tout de suite le personnage. Avec le réalisateur et la costumière, nous cherchons ensemble la bonne tenue. Je tiens à y être à l’aise. Si je me sens déguisée, ça ne fonctionne plus. Je me souviens d’un film d’Éric Lavaine où je devais jouer une femme qui rend visite à son mari à l’hôpital. La costumière m’avait donné une veste en cuir à porter, que j’ai refusée, car j’avais le sentiment que cela donnait trop de force à mon personnage qui, lui, était affaibli. Ce sont des détails, mais ils sont d’importance.»

Les mains

« J’y ai fait très attention, car Agnès est toujours avec un téléphone à la main.»

La coiffure

« Je voulais qu’elle soit coiffée, car c’est un personnage qui est dans l’image, elle est obligée de faire attention. Et j’aimais l’idée qu’Agnès soit une working girl qui prenne aussi soin d’elle.»