L'interview azimutée de Rebecca Marder

Il est toujours joyeux de voir son nom apparaître au casting d’un film. Bouleversante de sensibilité à fleur de peau, belle à tomber, dotée d’un regard toujours à l’affût d’une éclosion, Rebecca Marder est une actrice, passée par l’École du Théâtre National de Strasbourg puis par la Comédie-Française, dont les expressions entrent d’emblée en résonance avec celle ou celui qui la regarde. Sublime dans Une jeune fille qui va bien de Sandrine Kiberlain, intense dans Tromperie d’Arnaud Desplechin, charmante dans Les Goûts et les Couleurs de Michel Leclerc, elle incarne aujourd’hui Simone Veil dans la première partie de sa vie sous la direction d’Olivier Dahan dans Simone, le voyage du siècle, sorti le 12 octobre. Conversation en zigzag, du coq à l’âne, avec cette gracieuse comédienne.

Aimez-vous votre voix ?

Je me sens plus en confiance avec ma voix chantée. Quand je chante, j’ai une voix plus forte et assurée. C’est une libération. Quand je parle, je suis plus timorée. J’ai un rapport à la voix passionnel depuis mon plus jeune âge. J’ai fait de la chorale quand j’étais enfant. J’ai continué à pratiquer le chant à la Comédie-Française. Et j’étais ravie de pouvoir chanter dans Les Goûts et les Couleurs de Michel Leclerc.

Interview azimutée de Pierre Niney. Photos : partition de musique silence © Annick Holtz.

 

Quel est votre rapport au silence ?

J’aime ça. De par mon métier, j’ai la chance de pouvoir faire résonner le silence. On entretient un rapport peu sacré au silence quand on est au théâtre, car c’est un espace très lié au temps présent. Jouer au théâtre ou être sur un plateau de cinéma, c’est s’extraire, le temps de l’incarnation d’un personnage, du bruit de la vie. Quand je joue, c’est le seul moment où je suis aussi dans le silence de ma propre vie. Je suis comme isolée dans une bulle. Le temps d’une prise ou d’un spectacle induit un silence qui m’émeut. Les enregistrements de « sons seuls » sur un plateau, par exemple, me font souvent monter les larmes aux yeux. Cinquante personnes se taisent ensemble pour qu’on puisse enregistrer le silence. Au théâtre, c’est aussi très émouvant de vivre ce temps du silence sacré nécessaire pour accueillir une pièce.

Quel est votre rapport à l'acoustique des lieux ?

J’y suis très sensible. Que je sois spectatrice ou actrice, j’y prête une attention importante.

Quel est votre rapport à la symétrie ?

C’est quelque chose qui m’a longtemps complexée physiquement. J’avais l’impression d’être très dissymétrique. Mais dans la vie, j’aime la dissymétrie.

Vous arrive-t-il de porter deux boucles d'oreille différentes ?

Oui, souvent.

Portez-vous des parfums quand vous interprétez un personnage ?

Je sais que beaucoup d’actrices et d’acteurs le font, mais pas moi. J’ai souvent changé de parfum quand mes histoires d’amour s’achevaient.

Le plat de votre enfance ?

Le couscous.

Avez-vous le pied marin ?

Je n’ai jamais fait de bateau de ma vie, mais je n’ai pas le mal de mer.

Aimez-vous plonger ?

Pas du tout. Je ne sais pas plonger. Quant à la plongée sous-marine, je m’y suis essayée une fois et j’ai fait une crise de claustrophobie. À moins d’un mètre sous l’eau, le fait d’entendre mon souffle et mon cœur m’a fait remonter à la surface aussitôt. Je déteste entendre ce qui se joue à l’intérieur du corps.

Interview de Florence Loiret-Caille - Illustration Timothée Lestradet

Votre juron favori ?

Je jure peu, mais un petit « fuck » de temps en temps n’est pas à exclure.

Superstitieuse ?

Oui. J’évite de passer sous une échelle. Je fais un vœu quand j’ai un cil sur la joue ou que je vois une étoile filante. Je crois beaucoup aux signes du destin. Et peu au hasard.

Bière ou champagne ?

Les deux.

Quelle est votre définition de la grâce ?

C’est un synonyme de bienveillance pour moi.

Avez-vous le sens de l'orientation ?

Aucun. Une catastrophe. Je suis capable de me perdre dans mon propre quartier.

Charlote Le Bon © Annick Holtz

Talons hauts ou talons plats ?

Talons plats.

Quel son de la vie quotidienne chérissez-vous ?

Les bruits de pas, dans l’escalier, de la personne que j’attends.

Aimez-vous la magie ?

J’adore ça. Les tours de magie me fascinent.

Ponctuelle ?

Oui. Mais ça me demande un petit effort.

Interview azimutée avec Manu Payet : lapin

Le livre que vous offrez le plus souvent ?

J’ai beaucoup offert Vivre avec les morts de Delphine Horvilleur. Et La Cloche de détresse de Sylvia Plath. C’est un texte incroyable d’une écrivaine et poétesse américaine morte à trente ans.

Tintin ou Milou ?

Aucun. Je n’ai jamais lu Tintin !