L'interview minutée de Alejandro Jodorowsky

Psychomagie – Un art pour guérir

« Première chose : tu dis que je fais un documentaire. Non. Je ne fais pas un documentaire. Parce qu’un documentaire parle du passé, raconte des faits passés, lointains ou proches. C’est comme si tu étais au restaurant et qu’on t’amenait une omelette : qu’est-ce qu’il y a à dire ? C’est une omelette. Moi je fais une expérience, c’est différent. Les choses se passent au moment où on filme, devant la caméra. C’est comme si tu étais au restaurant, tu demandes une omelette, et le cuisinier vient devant toi, il casse les œufs, les bats et fait l’omelette devant toi. »

Le système minuté

Il s’agit de laisser jouer le hasard. J’ai arbitrairement décidé de noter ce qui se passe aux 7’, 42’, 70’ et 91’ minutes des films et de soumettre ces moments aux réalisateurs et acteurs venus en faire la promotion. L’idée est d’être vraiment très précise dans ces descriptions afin que mon interlocuteur puisse réagir au maximum d’éléments, selon ce qui lui importe le plus (le son, les cadrages, les couleurs, etc.). Le choix des mots a son importance également et il arrive que je me fasse reprendre, c’est très bien comme ça. Chacun s’approprie l’exercice comme il l’entend, mais au final on arrive presque toujours à parler du film de manière concrète, en contournant légèrement le train-train promotionnel. On pourrait dire que le résultat est à mi-chemin entre la bande-annonce et le commentaire audio, tel qu’on en trouve sur les suppléments DVD. Par ailleurs, ces entretiens sont « neutres » : que j’aie aimé ou non les films n’entre pas en ligne de compte, il s’agit avant tout de parler cinéma, sans a priori.