L'interview azimutée

Rencontre avec Vimala Pons, comédienne

Elle a le nez en l’air dans Comme un avion de Bruno Podalydès (en salle le 10 juin). Les yeux au ciel, pour regarder passer les voyageurs. Dans la vraie vie, la comédienne circassienne est une terrienne amarrée, ancrée dans un bateau, sur un quai de Paris.

Sous la pluie, vous chantez ou pleurez ?

Je ne chante pas, je ne pleure pas. Je lave le ponton de mon bateau avec un balai-brosse.

C’est comment, la vie de bateau ?

Certains changent de maison ; en bateau, on change de décor, à travers les fenêtres. Mon bateau est petit et quand passent les bateaux-mouches,
il bouge, il ballotte.

Interview azimutée avec Vimala Pons : bateau en papier © Annick Holtz

Vous naviguez en eau douce ou vive ?

Douce. Je peux naviguer jusqu’à Moscou avec mon bateau. Mais je ne suis jamais allée plus loin que Villeneuve-le-Roi.

Vous voyez quoi dans le ciel ?

Le ciel m’angoisse, la nuit avec ses étoiles. Je pense aux mots de Woody Allen : « La terre va disparaître, le soleil va s’éteindre, c’est tout ».

Voler, vous voudriez ?

Je n’aime pas être en hauteur : je suis de la terre. Je ne me sens pas très bien en l’air. Dans l’eau non plus, je préfère être sur l’eau.

Interview azimutée avec Vimala Pons : terre © Annick Holtz

Dans votre cirque, vous, l’équilibriste, vous ne jouez pas avec le vide ?

Non. Je porte des objets sur ma tête. Une fenêtre, un baby-foot, une tête de cheval empaillée. Je fais du strip-tease en même temps. Je joue avec le déséquilibre.

Et si vous étiez un avion…

Je serais un très gros porteur avec des étages. Comme un paquebot dans le ciel, une ville volante, comme le sont ces immenses navires qui sont des villes flottantes. J’aime les trajets au long cours.

Interview azimutée avec Vimala Pons : bateau ciel © Annick Holtz

Point de chute ?

L’humour. C’est autre chose que d’être drôle ou rigolo. C’est un endroit en soi, qui recentre. Dans la relation à l’autre, l’amour et l’humour vont ensemble. Quand on perd l’un, on perd l’autre.

Interview azimutée avec Vimala Pons : amour humour © Annick Holtz

La magie, ça vous transporte ?

J’aime les grandes illusions, en particulier les femmes tronçonnées et découpées avec un grand sourire. Des atrocités souriantes. Ce que j’aime dans la magie, c’est l’imprévisible.

Vous regardez quoi, quand Bruno Podalydès joue des tours ?

Ses mains.

Vous voyez quoi dans l’œil de sa caméra ?

Ce qui fascine, dans le cinéma, le cirque, la magie, c’est la technique qui rend tout possible. C’est l‘outil pour raconter. Il s’en sert comme d’un stylo, pour écrire des émotions, entre extrême délicatesse, sensibilité opaline et attentions très concrètes. J’aime ses odes aux petites choses, la façon dont il fait chanter le quotidien. C’est un poète.