Le dernier coup de marteau

Un garçon de treize ans qui court sur un terrain de foot. Un garçon qui va à la rencontre du père qu’il a tant attendu de connaître. Un garçon qui s’inquiète pour le bien-être de sa mère, mais qui veut aussi s’en décoller. Un garçon qui regarde, aimanté, sa jeune voisine espagnole. Une mère et son fils qui vont devoir quitter leur mobile home de bord de mer. C’est tout ce que raconte le deuxième long-métrage d’Alix Delaporte. Des petits riens et des grands mouvements. Une œuvre discrète et ténue, comme l’était déjà Angèle et Tony, où Clotilde Hesme et Grégory Gadebois jouaient l’orée du couple, quand ils en incarnent ici un qui n’est plus. Le port normand a cédé la place aux plages du Languedoc-Roussillon… L’air vif de la Manche à la brise méditerranéenne… La pêche à un orchestre, que le père, Samuel, dirige avec trouble, quand surgit le fils qu’il ne s’avoue pas. Le jeune Romain Paul est le métronome solaire de cette douce partition. Clotilde Hesme est renversante en femme atteinte dans son corps. Grégory Gadebois remue en homme bloqué dans ses émotions. L’incarnation est généreuse et le regard sur eux, amoureux. Les trois interprètes ont chacun gagné un prix en festival (Venise, Marrakech, Saint-Jean-de-Luz). Belle équité pour ce trio, qui rétablit le rythme ternaire que Mahler a cassé par superstition, en annulant le dernier coup de marteau de sa 6ème symphonie, répétée ici à Montpellier, et qu’Alix Delaporte a porté jusqu’au titre de son film.